Zurich (awp) - Aevis Victoria veut continuer à ouvrir ses activités à de nouveaux actionnaires, après la vente partielle de sa filiale Infracore, avec pour objectif ultime de devenir pleinement une société de participation. La transformation du groupe fribourgeois d'hôtels et de cliniques doit lui apporter une plus grande marge de manoeuvre, alors que ses résultats se sont repliés l'année dernière.

"Aevis Victoria a toujours été une société de participation avec différents segments d'activité. Mais dans l'esprit des investisseurs et du public, la distinction n'a pas été faite et on a toujours parlé d'Aevis comme d'un groupe de cliniques, ce qui est faux", a résumé Antoine Hubert, administrateur délégué du groupe, vendredi dans un entretien à AWP.

Selon ce dernier, "cette situation a empêché les investisseurs de voir clairement la valeur de la société", alors qu'elle a empoché un profit de 80 millions de francs suisses avec la vente d'une participation de 20% dans Infracore à l'assureur Bâloise.

Le processus de vente n'est pas encore terminé, puisque Aevis Victoria veut rapidement passer sous 50% sa participation dans la filiale spécialisée dans les infrastructures hospitalières. A terme, l'entreprise fribourgeoise compte détenir entre 20% et 30% de l'ex-Swiss Healthcare Properties.

La stratégie est similaire pour les autres filiales et notamment Swiss Medical Network (SMN), qui gère les cliniques privées et les centres de soin. Selon Antoine Hubert, "il est possible que d'autres actionnaires entrent dans SMN pour participer à sa croissance. Nous avons eu des discussions avec d'autres groupe d'hôpitaux ou de centres médicaux pour combiner les activités". Le responsable a précisé ne pas avoir discuté à ce sujet avec le concurrent Hirslanden.

Selon l'administrateur délégué, le domaine de la santé se trouve en phase de consolidation. "Les tarifs ambulatoires sont très bas, les groupe dans ce secteur sont confrontés à des problèmes de rentabilité. Il faudrait consolider ces acteurs pour créer une offre de santé globale", a-t-il estimé.

Les actionnaires seront aussi les gagnants de cette stratégie. Si Aevis vend encore 60% d'Infracore, cela représentera environ 240 millions de francs suisses de gains supplémentaires qui pourront être reversés aux actionnaires. "Une fois la transformation en société de participation achevée, nous comptons à terme reverser entre 40% et 50% du flux de liquidité de la société", a souligné M. Hubert.

Dans l'immédiat, les actionnaires se verront gratifiés d'un dividende de 1,10 franc par action, après 55 centimes au titre de 2017. Mais la société a promis d'effectuer une distribution supplémentaire grâce à son bilan revigoré par le processus de déconsolidation.

Poursuite de l'accélération

L'année écoulée s'est pourtant terminée sur une chute du résultat net dans la zone rouge, impacté par la baisse des tarifs Tarmed, des travaux et la charge fiscale. Le résultat net attribuable aux actionnaires s'est affiché en négatif de 8,7 millions, après un bénéfice de 0,9 million en 2017 et le bénéfice d'exploitation (Ebit) a plongé de 36,5% à 16,7 millions.

Quant au chiffre d'affaires total, il s'est contracté de 0,9% à 657,2 millions de francs suisses.

D'un point de vue opérationnel, l'exercice écoulé a été marqué par d'importants travaux de rénovation dans les hôtels et cliniques qui vont s'achever cette année, avec en point d'orgue la réouverture cet été du cinq étoile Eden au Lac à Zurich, fermé pendant près de deux ans. Les effets négatifs des fermetures vont complètement s'estomper au 4e trimestre.

"Le dernier trimestre 2018 a affiché une nette croissance, cette tendance se poursuit au 1er trimestre et va s'accélérer au 2e semestre avec les ouvertures de l'hôtel et des centres médicaux", a assuré Antoine Hubert.

Le groupe va cependant encore se serrer la ceinture. Après un programme d'économies de 15 millions de francs suisses l'année dernière, le groupe a lancé un nouveau programme d'optimisation visant à encore réduire les coûts d'ici fin 2019 de 20 millions en base annuelle.

Entre 2011 et 2016, SMN avait acquis 11 cliniques. "Le travail d'intégration a été fait et aujourd'hui nous avons réduit de manière importante les effectifs du siège et augmenté ceux des cliniques", a détaillé M. Hubert.

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