(Actualisé avec précisions)

BERLIN, 14 octobre (Reuters) - Airbus envisage sérieusement d'implanter ses nouveaux programmes de construction d'hélicoptères en France plutôt qu'en Allemagne en raison de la politique de restriction des exportations en vigueur dans la première économie européenne, a déclaré à Reuters le président exécutif du constructeur aéronautique.

Airbus réfléchit actuellement au successeur du Super Puma, un hélicoptère pouvant être utilisé à des fins militaires ainsi que lors d'opérations civiles, comme le transport de personnel sur des plateformes pétrolières.

Lors d'une conférence sur la sécurité à Berlin, Tom Enders a déclaré que Berlin bloquait la livraison de 14 hélicoptères militaires à l'Ouzbékistan.

Ces hélicoptères, construits principalement en France, contiennent des pièces fabriquées en Allemagne et pour lesquelles le gouvernement n'a pas donné son agrément à l'exportation, bloquant ainsi leur livraison, a-t-il dit.

"Nous y réfléchissons sérieusement", a répondu Tom Enders à Reuters qui l'interrogeait sur l'éventualité qu'Airbus implante ses nouveaux programmes en France plutôt qu'en Allemagne. "Avec ces incertitudes sur la politique d'exportation, nous n'avons plus vraiment le choix."

Dans un rapport publié en septembre, l'organisation américaine Human Rights Watch dénonçait le recours très répandu à la torture sur les prisonniers politiques en Ouzbékistan, critiqué sur la question du respect des droits de l'homme.

"Il ne s'agit pas seulement de l'Ouzbékistan", a précisé Tom Enders. Le président d'Airbus a expliqué que le groupe était préoccupé par le fait que des exportations puissent être bloquées en raison d'aussi petites pièces, qualifiant le blocage de "provocation".

"Si l'Allemagne s'entête avec cette posture exclusive concernant les exportations de matériel de défense ainsi que la consolidation et la coopération de la défense européenne, alors de plus en plus de projets se feront 'sans Allemagne' et ne seront pas 'made in Germany'", a-t-il prévenu lors de la conférence.

Dans le cadre du durcissement de sa législation sur les exportations d'armes, l'Allemagne a bloqué en août la livraison prévue par Rheinmetall d'un simulateur de combat à la Russie. Le groupe de matériel militaire avait dû réduire ses prévisions de bénéfices annuels.

(Victoria Bryan, Mathilde Gardin pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)