* Doutes croissants sur la maturité de ces batteries pour le secteur aérien

* Saft y voit une technologie d'avenir (Actualisé avec précisions)

par Tim Hepher

PARIS, 8 février (Reuters) - Airbus étudie l'éventualité de renoncer aux batteries au lithium-ion pour en adopter de plus traditionnelles sur son nouvel appareil A350, alors qu'une enquête est en cours sur les problèmes de batteries rencontrés par le Boeing 787, ont déclaré vendredi plusieurs sources au fait du dossier.

Le secteur de l'aéronautique se demande plus généralement si cette technologie puissante et légère, mais aussi fragile est bien arrivée à maturité, ont ajouté les sources.

Professionnels, assureurs et responsables de la sécurité ont dit à Reuters que cette technologie suscite beaucoup de doutes dans la mesure où les enquêteurs ont toutes les peines du monde à déterminer la cause des incidents qui ont abouti à immobiliser au sol les Dreamliner 787 de Boeing.

"C'est peut-être bien l'avenir mais pour l'heure c'est une question de maturité. Les informations sur les deux incidents n'ont rien de rassurant", a dit une personne au fait des discussions dans le secteur aérien.

Le Bureau national de sécurité des transports (NTSB) américain a besoin de revoir les conditions dans lesquelles le Dreamliner a obtenu sa certification en 2007, a déclaré jeudi sa présidente Deborah Hersman, laissant entendre que l'immobilisation au sol de la cinquantaine d'avions en service risque de se prolonger. (voir )

Un porte-parole d'Airbus a indiqué que l'avionneur étudierait et évaluerait les conclusions de l'enquête en cours sur le Dreamliner. "N'allons pas plus vite que la musique", a-t-il déclaré.

Airbus a indiqué la semaine dernière qu'en cas de changement dans la réglementation, il disposait d'un plan B et de temps pour y répondre.

Les experts disent toutefois que si l'enquête sur le 787 n'apporte pas rapidement des réponses claires, l'avionneur européen risque de devoir opter pour une solution alternative afin de parer à tout risque potentiel.

Le vol inaugural de l'A350, dont le coût de développement est évalué à une quinzaine de milliards de dollars, est prévu vers le milieu de l'année. Des vols d'essai suivront pendant un an, ainsi qu'un processus de certification ardu, durant lequel la conception d'un rééquipement pourrait être source de retards appréciables.

Le premier A350 doit en principe être livré au second semestre 2014, soit avec deux ans de retard à peu près par rapport au plan original.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès de Saft, qui fabrique pour Airbus à la fois des batteries de dernière génération et des systèmes de charge plus traditionnels.

Son président John Searle avait dit le mois dernier à Reuters que le lithium-ion restait une technologie d'avenir pour les batteries électriques malgré les problèmes du Dreamliner et la faillite de plusieurs entreprises du secteur.

Revenir aux batteries nickel-cadmium reviendrait à sacrifier le gain de poids du lithium-ion, équivalent à bord à un passager homme adulte pour 270 à 350 passagers et une cargaison.

Si le secteur recherche toute source d'allègement possible, cette économie de poids reste minime par rapport aux 40 tonnes en moins de l'A350 si on le compare à des avions plus anciens, au vu des présentations d'Airbus.

"Le surpoids est vraiment un moindre mal si on le compare aux risques associés au lithium-ion", dit Nick Cunningham, analyste d'Agency Partners à Londres. (Tim Hepher, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Gilles Guillaume)

Valeurs citées dans l'article : The Boeing Company, EADS, SAFT