par Matthias Blamont et Tim Hepher

Les sept pays de l'Otan à l'origine du lancement de l'avion de transport militaire, en retard de près de quatre ans, négocient depuis plusieurs mois le partage des surcoûts du projet avec les dirigeants du groupe européen d'aéronautique et de défense et de sa division Airbus, constructeur de l'appareil.

"EADS a reçu une offre des gouvernements envoyée au président exécutif Louis Gallois et étudie cette offre. EADS répondra en temps voulu", a déclaré un porte-parole du groupe.

Une source proche des discussions a qualifié la proposition des Etats de "sérieuse".

D'autres sources avaient indiqué la semaine dernière à Reuters que les Etats clients et EADS avaient rapproché leurs positions sur le financement du programme et qu'un accord était enfin en vue.

Certaines sources proches du dossier ont évoqué la possibilité d'un accord cette semaine.

D'autres ont estimé en revanche qu'une annonce pourrait intervenir lors de la rencontre des ministres de la Défense de l'Union européenne prévue à Palma de Majorque, en Espagne, les 24 et 25 février.

"Il y aura peut-être d'ici là des réunions de clarification, on ne sait pas encore à quel niveau", a souligné une source proche du ministère français de la Défense.

Le développement des 180 premiers A400M était évalué initialement à 20 milliards d'euros. Un audit établit néanmoins que 11,2 milliards d'euros d'investissements supplémentaires pourraient être nécessaires.

EADS veut aller vite. La publication de ses comptes annuels est prévue le 9 mars et la direction veut disposer d'une visibilité suffisante pour préparer d'autres programmes comme celui du futur A350 XWB.

Son actionnaire allemand de référence, le constructeur automobile Daimler, présente ses résultats annuels jeudi.

De leur côté, les gouvernements composent avec des budgets serrés et veulent éviter de se montrer trop souples vis-à-vis de leur opinions publiques.

En tenant compte de synergies potentielles identifiées par EADS à hauteur de 3,6 milliards d'euros et de provisions de 2,4 milliards déjà inscrites par la société pour faire face aux difficultés du programme, le montant de la facture à répartir s'élève à 5,2 milliards d'euros.

Les Etats ont proposé à EADS d'avancer deux milliards d'euros et d'accorder 1,5 milliard au groupe sous la forme de prêts.

De son côté, la maison mère d'Airbus envisage de prendre à sa charge 800 millions d'euros supplémentaires, laissant encore 900 millions de surcoûts à combler.

Dans son édition datée de mercredi, le journal Les Echos écrit que le groupe aéronautique serait sur le point d'accepter l'ultime offre des Etats clients, qui laisse à sa charge 1,7 milliard d'euros.

Un porte-parole d'EADS s'est refusé à tout commentaire.

ÉVITER D'ALOURDIR LE BILAN

Des sources ont déclaré à Reuters mardi que les prêts à hauteur de 1,5 milliard que les Etats consentiraient à EADS feraient l'objet d'ultimes tractations.

Selon elles, la direction financière a émis le souhait que ceux-ci soient comptabilisés sous forme de chiffre d'affaires et non de dettes susceptibles d'alourdir le bilan.

"Dans certains cas, des entreprises vendent de la recherche-développement aux clients", a expliqué Tom Chruszcz, directeur entreprises auprès de l'agence de notation Fitch Ratings.

"Il serait concevable qu'EADS cède sa R&D aux pays clients, qu'il comptabilise cette vente comme du chiffre d'affaires en 2010 et que la valeur des actifs correspondants soit réduite d'autant au bilan", ajoute-t-il.

En 2008, EADS a capitalisé sa recherche-développement à hauteur de 988 millions d'euros.

L'action EADS a clôturé mardi en hausse de 1,81% à 13,795 euros.

"Le consensus (des analystes qui suivent EADS) prévoit une nouvelle provision d'EADS comprise entre deux milliards et 2,5 milliards d'euros sur le programme A400M", fait valoir Yan Derocles, analyste auprès d'Oddo Securities.

"Le montant de la provision compte moins que l'impact cash", dit-il. "Autrement dit, à quel moment du cash devra être libéré pour faire face au programme, ce sera l'un des principaux catalyseurs pour le cours de Bourse."

Avec Sabine Siebold, Hendrik Sackmann et Elizabeth Pineau, édité par Jean-Michel Bélot