* L'offre de BHP difficile à exécuter, érode la valeur - Anglo

* BHP n'obtient pas de délai d'Anglo

par Melanie Burton

LONDRES/JOHANNESBURG/MELBOURNE, 29 mai (Reuters) -

Le géant minier BHP Group a renoncé mercredi à son offre d'acquisition de 49 milliards de dollars (45,19 milliards d'euros) sur Anglo American, après que ce dernier a rejeté une demande visant à prolonger le délai pour discuter du projet.

Anglo avait accordé à BHP une prolongation d'une semaine, jusqu'à 16h00 GMT ce mercredi, de son délai initial pour soumettre une offre contraignante, après avoir rejeté une troisième proposition de rachat qu'il jugeait difficile à exécuter.

"Bien que nous soyons convaincus que notre offre sur Anglo American constitue une occasion unique d'accroître efficacement la valeur pour les deux groupes d'actionnaires, nous n'avons pas réussi à nous mettre d'accord sur les risques et les coûts liés à la réglementation sud-africaine", a dit BHP dans un communiqué.

"Nous restons convaincus que notre proposition représentait la structure la plus efficace pour créer de la valeur pour les actionnaires d'Anglo American, et nous sommes persuadés qu'en travaillant ensemble, nous aurions pu obtenir toutes les approbations réglementaires nécessaires, y compris en Afrique du Sud", a-t-il ajouté.

Anglo American a dit, après la publication du communiqué de BHP, se concentrer pleinement sur la mise en oeuvre de ses propres plans visant à accroître la valeur pour ses actionnaires.

L'action Anglo a clôturé en baisse de 3% mercredi en Bourse de Londres.

Anglo avait accepté de négocier avec BHP pour tenter de dissiper les inquiétudes concernant la structure de l'opération proposée, notamment la condition imposée à Anglo de dissocier ses unités sud-africaines de production de platine et de minerai de fer avant le rachat.

GARANTIES SUR L'EMPLOI EN AFRIQUE DU SUD

Dans une déclaration précédente, BHP a indiqué avoir besoin de davantage de temps pour s'engager avec Anglo, tout en présentant des garanties visant à réduire au minimum les risques réglementaires en Afrique du Sud.

Ces engagements comprenaient notamment la sécurité de l'emploi pour les salariés en Afrique du Sud.

Anglo a toutefois estimé ces mesures insuffisantes.

"BHP continue de réaffirmer sa conviction que les risques liés à sa structure complexe ne sont pas significatifs, alors qu'il a déclaré de manière répétée et constante, à la fois publiquement et au cours des discussions, qu'il n'était pas disposé à modifier la structure qu'il proposait pour assumer ces risques", a déclaré Anglo dans un communiqué.

Un retrait d'Anglo, fondé à Johannesburg en 1917, aurait porté un nouveau coup dur à l'économie de l'Afrique du Sud, où il emploie 40.000 personnes, alors que les groupes miniers y ont déjà supprimé des emplois et des investissements face à la baisse de la demande de platine.

Les analystes chez JP Morgan estimaient qu'un rachat d'Anglo par BHP pourrait provoquer une sortie de 4,3 milliards de dollars d'Afrique du Sud et affaiblir le rand.

Selon la dernière proposition de BHP, Anglo aurait été valorisé à 29,34 livres par action, soit 38,6 milliards de livres.

"Je ne suis pas surpris que (cette proposition) ait été rejetée par Anglo car il n'y avait pas grand-chose dans le communiqué de BHP. Cela ne semblait pas si convaincant", a dit George Cheveley, gestionnaire de portefeuille chez Ninety-One.

Anglo American attire les convoitises en raison de ses actifs de cuivre au Chili et au Pérou. Le cuivre, utilisé dans les véhicules électriques et le bâtiment, ainsi que dans les réseaux électriques, devrait voir sa demande augmenter grâce à l'émergence des énergies vertes et de l'intelligence artificielle. (Reportage Melanie Burton à Melbourne et Scott Murdoch à Sydney, avec la contribution de de Clara Denina à Londres, Felix Njini à Johannesburg et Sameer Manekar à Bangalore ; version française Dagmarah Mackos et Camille Raynaud, édité par Kate Entringer et Bertrand Boucey)