(Actualisé avec analyste, contexte § 11-16-17)

RYAD/WASHINGTON, 1er juillet (Reuters) - Le roi Salman d'Arabie saoudite a promis au président américain Donald Trump qu'il pourrait augmenter la production de pétrole du royaume si nécessaire et lui a précisé que son pays disposait de capacités de production supplémentaire de l'ordre de deux millions de barils par jour (bpj), a précisé samedi soir la Maison blanche.

Le communiqué de la présidence américaine tempère un tweet de Trump publié quelques heures plus tôt dans lequel il annonçait que le roi Salman avait accepté de relever la production saoudienne de 2 millions de barils par jour.

"Le roi Salman a soutenu que le royaume disposait de capacités de production inutilisées de deux millions de barils par jour, qu'il utilisera prudemment si et lorsque ce sera nécessaire pour garantir l'équilibre du marché", dit le communiqué.

Les autorités du royaume, dans un communiqué diffusé par les médias saoudiens, avaient pour leur part confirmé que les deux dirigeants, qui se sont parlé au téléphone, étaient convenus de la nécessité de préserver la stabilité du marché pétrolier mais n'avaient pas mentionné d'objectif chiffré de relèvement de la production saoudienne.

Dans son tweet https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1013023608040513537, Trump écrit: "Je viens de parler avec le roi Salman d'Arabie saoudite et lui ai expliqué qu'en raison des troubles et dysfonctionnements en Iran et au Venezuela, je demande que l'Arabie saoudite augmente sa production pétrolière, peut-être jusqu'à deux millions de barils, pour combler la différence. Les prix sont élevés ! Il a accepté !"

Le baril de Brent, qui sert de référence, se négociait vendredi soir autour de 79 dollars, et une enquête Reuters auprès des acteurs du marché pétrolier conclut que les cours du pétrole, entretenus par les difficultés de production dans des pays comme le Venezuela ou la Libye, devraient se maintenir à des niveaux élevés pour le reste de l'année.

D'autant que les Etats-Unis veulent obtenir une réduction des exportations iraniennes de pétrole. D'après des spécialistes du secteur, il n'est pas acquis que les pays de l'OPEP pourraient pleinement compenser une disparition du pétrole iranien sur les marchés.

EN TERRITOIRE INCONNU

Pour l'instant, en application de l'accord conclu le 22 juin dernier entre les pays de l'OPEP et d'autres producteurs non membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, notamment la Russie, l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, table sur une production qui pourrait atteindre ce mois-ci les 11 millions de bpj, du jamais vu dans son histoire, selon une source du secteur.

En juin, l'appareil saoudien a pompé au rythme de 10,8 millions de bpj.

Le royaume saoudien a une capacité maximale de production de 12 millions de bpj, mais il s'agit d'une estimation théorique puisque le pays n'a jamais atteint ce niveau de production.

"Nous serons en territoire inconnu. Si l'Arabie saoudite a bien cette capacité en théorie, il faut du temps et de l'énergie pour mettre ces barils sur le marché, jusqu'à un an", prévient Amrita Sen, du cabinet de consultants Energy Aspects.

L'administration Trump milite auprès de pays tiers pour qu'ils suspendent toutes leurs importations de pétrole iranien à partir de novembre, quand les sanctions américaines contre la république islamique seront réinstaurées en conséquence du retrait de Washington de l'accord de juillet 2015 sur le nucléaire iranien.

Des émissaires américains ont été ou seront dépêchés auprès des alliés de Washington en Europe, en Asie et au Moyen-Orient.

Les Etats-Unis expliquent vouloir amener l'Iran à négocier un accord renforcé qui irait au-delà des conclusions du texte négocié il y a trois ans.

Au premier trimestre, la Chine, premier acheteur de brut sur les marchés mondiaux, a importé quelque 655.000 bpj de pétrole iranien, soit plus du quart des exportations iraniennes de pétrole.

Le ministre saoudien de l'Energie, Khalid al Falih, a rencontré jeudi à Washington le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo. Les deux hommes ont discuté de sécurité énergétique.

La demande mondiale de pétrole approche des 100 millions de bpj. (Stephen Kalin à Ryad et Lesley Wroughton à Washington avec Dmitry Zhdannikov à Londres Henri-Pierre André et Nicolas Delame pour le service français)