Paris (awp/afp) - Le titre d'ArcelorMittal a chuté lundi sur les Bourses européennes après un accident dans une de ses mines au Kazakhstan samedi ayant entraîné au moins 45 morts, entraînant le départ du géant sidérurgique du pays qui va renationaliser ses mines et sa sidérurgie.

A la Bourse de Paris, l'action a chuté lundi de 3,89% à 20,25 euros sur un marché en hausse de 0,44%. L'action qui a perdu 17,60% de sa valeur depuis le début de l'année, a aussi reculé lundi sur les marchés allemand, espagnol et néerlandais dans les mêmes proportions, ainsi qu'à la Bourse de Londres.

Après l'explosion survenue samedi, ArcelorMittal, dont le siège est au Luxembourg, a confirmé dimanche un accord préliminaire pour transférer la propriété de sa filiale à l'Etat kazakh.

"ArcelorMittal s'engage à réaliser cette transaction dans les meilleurs délais afin de minimiser les perturbations dans la mesure du possible" a indiqué un communiqué.

Les corps de 45 mineurs ont été retrouvés, selon les secouristes, faisant de cet accident le plus mortel de l'histoire de ce pays d'Asie centrale depuis l'indépendance de l'Union soviétique.

Au total, 252 personnes étaient sous terre au moment de l'explosion, a précisé le directeur général du groupe, Aditya Mittal, qui a reconnu dans un communiqué une succession "d'accidents mortels" au cours "des deux dernières années" dans ce pays.

Il a expliqué que l'exploitation des mines kazakh comportait "des risques intrinsèquement élevés pour la sécurité" en raison de "leur géologie complexe".

"Malgré les efforts considérables déployés pour stabiliser la situation, nous avons convenu avec le gouvernement du Kazakhstan de trouver une nouvelle voie à suivre qui garantisse la durabilité de l'opération" a-t-il ajouté, en précisant que les discussions sur un transfert de propriété avaient débuté "il y a quelques mois". "Nous avions signé un accord de principe la semaine dernière avant ce tragique accident" a précisé M. Mittal.

Le service de communication du groupe a précisé que l'accord portait sur une sortie totale du pays.

Rachat en 1995

ArcelorMittal a produit l'an dernier 3,4 millions de tonnes d'acier au Kazakhstan, où le groupe exploite 3 haut fourneaux, 8 mines de charbon et 4 mines de minerai de fer, occupant au total 38.000 salariés, selon le groupe.

Le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev a qualifié samedi le groupe sidérurgique de "pire entreprise de l'histoire du Kazakhstan du point de vue de la coopération avec le gouvernement".

Mittal Steel (qui a fusionné en 2006 avec Arcelor) avait racheté les mines et les haut fourneaux juste après l'effondrement de l'URSS en 1995. "A l'époque, ils ont été très bien accueillis car les installations étaient en très mauvais état, et tout le monde espérait que le groupe sidérurgique indien allait mener les mines et usines kazakhes à de meilleurs standards" confie un expert européen du sujet.

De fait, beaucoup de choses ont été faites pour moderniser et sécuriser la production "mais surtout dans le domaine sidérurgique, plus que minier", ajoute cette source qui requiert l'anonymat. "Et le torchon brûlait depuis des années entre la société et le gouvernement kazakh", selon lui.

"Le fait que ce soit le Kazakhstan lui-même qui reprenne l'exploitation en direct est probablement la moins mauvaise solution pour le pays", fait-il valoir, "de nombreux ingénieurs kazakhs ont été formés au fil des années et peuvent faire tourner les opérations".

Selon cet expert, la chute du titre en Bourse illustre surtout la dégradation de la demande en acier dans de nombreux pays.

"On voit actuellement une accélération de la transition énergétique dans la sidérurgie mondiale avec de nouveaux entrants qui émettent moins de CO2 en Finlande, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient ou aux Etats-Unis, et ArcelorMittal possède encore "beaucoup de vieilles usines" à décarboner et moderniser pour un coût énorme, a-t-il ajouté.

afp/rp