Le spécialiste public du nucléaire, qui veut s'adapter à un marché affecté par la catastrophe japonaise de Fukushima, a en outre annoncé dans un communiqué des provisions de 2,36 milliards d'euros liées essentiellement à la dépréciation pour 1,5 milliard des actifs d'Uramin, société minière acquise en 2007 pour environ 1,8 milliard d'euros.

Compte tenu de ces provisions, Areva prévoit d'accuser une perte opérationnelle consolidée comprise entre 1.400 et 1.600 millions d'euros en 2011.

Alors qu'il doit détailler mardi les mesures de son nouveau plan, le groupe n'a pas précisé si les cessions envisagées concernaient la part qu'il détient dans le groupe minier Eramet ou s'il envisageait d'ouvrir le capital de ses mines, comme attendu par certains analystes.

Lors d'une interview à Reuters, Thomas Devedjian, membre du comité exécutif du Fonds stratégique d'investissement, a cependant déclaré que le fonds souverain souhaitait conclure au plus vite le rachat des 26% qu'Areva détient dans Eramet.

EFFORTS SUR LE NUCLÉAIRE EXISTANT

Areva, évoquant sa stratégie alors que la catastrophe de Fukushima risque de retarder certains projets nucléaires, a dit qu'il entendait privilégier "la création de valeur par la fourniture de solutions destinées à la base installée (...) et la construction de centrales reposant sur les critères de sûreté et de sécurité les plus élevés".

La société, qui suspend plusieurs projets d'investissements, vise une réduction de ses coûts opérationnels pour un montant total d'économies d'un milliard d'euros en rythme annuel à horizon 2015, soit 10% environ de la base de coûts, et veut améliorer son besoin en fonds de roulement de 500 millions à la même échéance.

Areva n'a pas précisé si ces mesures d'économies comprenaient des réductions d'effectifs, mais une porte-parole a confirmé que le groupe n'envisageait pas de suppressions de postes en France.

Bruno Blanchon, responsable fédéral de la branche énergie atomique de la CGT, a de son côté déclaré à Reuters qu'"Areva prévoit 1.200 à 1.500 suppressions d'emplois en Allemagne dans un avenir proche, probablement en 2012".

"Il y aura un gel des embauches en France et le groupe propose un gel des salaires en 2012", a-t-il ajouté.

Une autre source syndicale a confirmé les chiffres de la CGT, précisant que le gel des salaires concernerait les salariés d'Areva en France, en Allemagne et aux Etats-Unis.

Le groupe compte près de 48.000 salariés, dont 30.000 en France et 5.700 en Allemagne. Ses réductions d'effectifs outre-Rhin interviendraient après la décision de Berlin de fermer les 17 réacteurs nucléaires allemands d'ici à 2022.

NOUVELLE PROVISION POUR L'EPR FINLANDAIS

Evoquant la dépréciation liée à Uramin, société pour laquelle il avait déjà dû provisionner 426 millions d'euros en 2010, Areva a précisé que la mine namibienne de sa filiale, à Trekkopje, disposait finalement de ressources en uranium 1,7 mois moins élevées que prévu précédemment.

Le groupe va en outre reporter la mise en production de cette mine, ainsi que celle des gisements d'Uramin en République centrafricaine et en Afrique du Sud, pour prendre en compte la chute des prix de l'uranium après la catastrophe de Fukushima.

Areva a également décidé "la constitution d'un comité, composé de trois membres indépendants du conseil de surveillance, afin d'examiner les conditions d'acquisition et d'exploitation d'Uramin et d'en tirer des enseignements pour le groupe", qui avait acquis cet actif sous la présidence d'Anne Lauvergeon, remplacé en juin par Luc Oursel.

Alors qu'il prévoit de fournir d'ici à la fin de l'année un nouveau calendrier pour son EPR finlandais, Areva a enregistré des provisions supplémentaires de 150 millions d'euros au titre de ce chantier, pour un total d'environ 2,8 milliards.

Evoquant ses perspectives financières, le groupe a indiqué qu'il entendait, pendant une période de 'transition" en 2012 et 2013, s'adapter aux conditions de marché "rendues plus difficiles par l'accident de Fukushima et la crise de la dette" et vise un "plein autofinancement" de ses investissements en cumul sur la période 2012-2016.

La cotation de l'action Areva, suspendue depuis le début de la matinée, a repris une heure environ avant la clôture du marché. Le titre a fini sur un recul de 5,56% à 19,20 euros, accusant une baisse de quelque 34% depuis sa cotation fin mai.

Edité par Dominique Rodriguez

par Benjamin Mallet et Caroline Jacobs