(Actualisé avec prévisions du centre américain des ouragans §4)

par Emily Flitter et Marianna Parraga

LAKE CHARLES, Louisiane/HOUSTON, Texas, 30 août (Reuters) - L a tempête tropicale Harvey a frappé mercredi la Louisiane après avoir inondé depuis plusieurs jours de pluie ininterrompue une partie du Texas voisin, où des dizaines de milliers de personnes ont dû être évacuées tandis que les installations pétrolières de la région de Houston, coeur de la production d'hydrocarbures aux Etats-Unis, restaient en partie paralysées.

Harvey se déplace lentement depuis qu'elle s'est abattue vendredi soir en tant qu'ouragan sur le littoral texan près de Corpus Christi, à quelque 350 km au sud de Houston. Elle a fait au moins 22 morts, contraint plus de 32.000 personnes à trouver refuge dans des abris et pourrait devenir l'une des catastrophes naturelles les plus coûteuses de l'histoire des Etats-Unis avec une facture susceptible de s'élever à plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Elle continuait mercredi de déverser une pluie abondante sur une zone s'étendant de Port Arthur, au Texas, à Lake Charles, en Louisiane. Elle se trouvait à 18h00 GMT à une cinquantaine de kilomètres au nord-nord-ouest de Lake Charles, près de la frontière entre les deux Etats, accompagnée de bourrasques de vent soufflant jusqu'à plus de 60 km/h, a dit le centre américain des ouragans (NHC).

Elle devrait cependant continuer de faiblir et se transformer jeudi matin au plus tard, aux Etats-Unis, en dépression tropicale, ce qui n'éliminera pas le risque de fortes précipitations et d'inondations sur sa trajectoire, selon le NHC.

La plus grande raffinerie des Etats-Unis, à Port Arthur, a dû être fermée en raison des inondations, ce qui devrait alimenter la hausse du prix de l'essence à travers le pays.

La tempête se déplace vers l'est mais "le pire n'est pas encore passé pour le sud-est du Texas en ce qui concerne la pluie", a dit le gouverneur de l'Etat, Greg Abbott, en invitant les habitants des zones touchées à se préparer à voir les inondations perdurer jusqu'à une semaine.

La Garde nationale est venue en aide à plus de 8.500 personnes depuis l'arrivée de l'ouragan, a-t-il ajouté.

DE L'EAU JUSQU'AUX ÉPAULES

C'est désormais au tour de la Louisiane de se mobiliser face à la tempête.

A Lake Charles, un centre communautaire a été transformé en abri de fortune et se prépare à accueillir environ 1.500 personnes, a dit sa responsable, Angela Jouett. Environ 300 habitants ayant quitté leur domicile sont déjà arrivés.

L'un d'eux, Edward Lewis, 54 ans, raconte qu'il s'est retrouvé avec de l'eau jusqu'aux chevilles en sortant de son lit en pleine nuit. Il est parti à bord d'un canot de sauvetage qui passait devant chez lui, à Lake Charles, avant de passer le reste de la nuit dans une église puis d'être emmené en autocar vers ce centre communautaire.

"Personne ne nous a dit quand nous pourrions rentrer chez nous", dit-il.

Misty Harrison, 43 ans, et Skylar Lorenz, son fils de 18 ans, sont arrivés d'Orange, une commune du Texas à la limite de la Louisiane. "De l'eau jusque là", dit-elle en montrant son épaule.

A Houston en revanche, le ciel s'est dégagé mercredi, ce qui a apporté un peu de soulagement aux habitants de la quatrième ville des Etats-Unis après cinq jours de pluies torrentielles. Les gens qui quittent les abris redoutent cependant de constater les dégâts infligés par la tempête en rentrant chez eux.

Joseph McKenney, vigile au Toyota Center, où a été installé un abri, a pu parler à sa femme pour la première fois depuis des jours. Elle et leurs enfants vont bien mais leur maison a de l'eau jusqu'au toit et il n'y a aucun moyen de s'y rendre. "Je veux aller chez moi mais je n'ai pas de chez moi où aller", dit cet homme de 37 ans.

LES AÉROPORTS VONT ROUVRIR PARTIELLEMENT À HOUSTON

Les autorités du Texas estimaient mercredi matin que près de 50.000 habitations avaient été endommagées par les inondations, dont plus d'un millier ont été détruites. Environ 195.000 personnes ont entamé une procédure pour bénéficier de l'aide fédérale, a précisé la FEMA, l'agence fédérale de gestion des situations d'urgence.

Le maire de Houston, Sylvester Turner, a déclaré que les aéroports de la ville étaient tous en bon état et recommenceraient à fonctionner de manière limitée dans le courant de l'après-midi.

Le ministre de la Justice du Texas a annoncé que des enquêtes avaient été ouvertes à la suite de centaines de plaintes faisant état de hausses de prix abusives avec des pains vendus 15 dollars, de l'essence à 100 dollars le gallon, soit près de quatre litres, ou encore des augmentations de tarifs pour les chambres d'hôtel.

Donald Trump s'est rendu à Corpus Christi et Austin mardi pour évaluer les dégâts occasionnés par le passage de la tempête, première catastrophe naturelle d'ampleur de son mandat.

"Après avoir vu de mes propres yeux l'horreur et la dévastation provoquées par l'ouragan Harvey, mon coeur est encore plus auprès du grand peuple du Texas", a écrit le président américain sur Twitter mercredi.

Selon une étude de Moody's Analytics, les estimations des dégâts causés par Harvey varient entre 51 et 75 milliards de dollars (42,7 et 62,7 milliards d'euros). RMS, un cabinet de modélisation des risques, craint que la facture totale des pertes économiques provoquées par la tempête atteigne de 70 à 90 milliards de dollars.

Harvey évoque aux Etats-Unis le souvenir de l'ouragan Katrina qui a ravagé la Nouvelle-Orléans il y a 12 ans, tuant près de 1.800 personnes et laissant derrière lui près de 108 milliards de dollars de dégâts. (Avec Richard Valdmanis, Mica Rosenberg, Marianna Parraga, Gary McWilliams, Ernest Scheyder, Erwin Seba, Ruthy Munoz, Peter Henderson et Andy Sullivan à Houston, David Gaffen à New York, Jon Herskovitz à Austin et Brendan O'Brien à Milwaukee; Nicolas Delame, Jean-Stéphane Brosse et Bertrand Boucey pour le service français)