Cela signifie que le groupe pharmaceutique supprimera au total 10% environ de ses effectifs, soit 5.050 emplois, d'ici 2016, en réponse à la baisse des ventes provoquée par la perte de brevets de plusieurs "blockbusters", ses médicaments à gros chiffre d'affaires.

L'ensemble des programmes prévus débouchera sur une charge exceptionnelle de 2,3 milliards de dollars et doit procurer des gains annuels de l'ordre de 800 millions de dollars d'ici 2016.

Pascal Soriot veut recentrer la recherche sur trois domaines principaux et nouer davantage d'accords externes - telle l'alliance de 240 millions de dollars passée avec Moderna Therapeutics - afin de renforcer un portefeuille de nouveaux produits quelque peu clairsemé.

Mais ce sera un travail de longue haleine, au point qu'AstraZeneca ne donne pas de prévisions à court terme, si ce n'est de dire que le chiffre d'affaires devrait "dépasser sensiblement" le consensus de 21,5 milliards de dollars en 2018.

Les analystes anticipent en moyenne un chiffre d'affaires qui tomberait de 28 milliards de dollars en 2012 à un peu plus de 22 milliards en 2017, selon le consensus Thomson Reuters.

Pascal Soriot a dit qu'il n'avait pas de solution miracle pour redresser la barre et a exclu de se diversifier en dehors des médicaments sur ordonnance, à l'image de plusieurs concurrents.

L'action gagne près de 2% à 11h30 GMT après ces annonces.

"C'est une sacrée montagne à gravir", dit Navid Malik, analyste de Cenkos Securities. "Il a fallu 10 ans à GlaxoSmithKline et deux alertes sur les brevets avant qu'il puisse dire que la croissance reprendrait cette année."

"ENGAGEMENT CLAIR"

Jusqu'à la moitié du cash flow après impôt et avant recherche-développement (R&D) tiré des produits existants sera réinvesti dans la recherche, des transactions externes et l'investissement en capital.

Dans le même temps, Pascal Soriot, ancien responsable du groupe suisse Roche, entend conserver des marges avant coûts de R&D dans la fourchette de 48% à 52% et veut également rassurer l'investisseur en adoptant une politique de hausse progressive du dividende.

"Nous prenons l'engagement clair de concentrer nos efforts et nos ressources sur nos plates-formes de croissance et nos projets en pipeline prioritaires", a-t-il dit.

Il a donné une idée générale de sa nouvelle stratégie dans un communiqué publié avant une présentation aux analystes et aux investisseurs dans la journée à New York. Il avait déjà présenté lundi un aperçu de la refonte de la R&D qui se traduira par la perte de 1.600 emplois et la consolidation des activités dans trois grands centres en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et en Suède.

AstraZeneca voit son organigramme se réduire à grande vitesse. Sous de précédentes équipes, ses effectifs ont déjà fondu avec 10.000 postes de moins, le groupe étant confronté à la concurrence des génériques et à des résultats décevants en matière de nouveaux produits. Il emploie actuellement 51.700 personnes dans le monde.

PAS DE GROS ACHAT EN VUE

Pascal Soriot a confirmé le projet - dévoilé initialement dans un entretien à Reuters lundi - de recentrer la recherche sur les dysfonctionnements cardiovasculaires et du métabolisme et sur les maladies inflammatoires et respiratoires.

Les dépenses de recherche seront réduites dans les neurosciences et les anti-infectieux, antibiotiques inclus. En revanche, il n'est pas question de revendre ces segments, a souligné le directeur général.

Pascal Soriot, qui a pris les rênes du laboratoire en octobre, a tout de suite signalé ses intentions de changer de cap en suspendant les rachats d'actions et en remplaçant les directeurs de la recherche et des services commerciaux.

Il semble aussi que, sous sa houlette, le groupe pharmaceutique recherche davantage d'acquisitions de médicaments prometteurs et de laboratoires plus petits.

Beaucoup d'analystes estiment qu'AstraZeneca pourrait facilement dépenser 20 milliards de dollars en acquisitions, compte tenu d'un trésor de guerre dépassant les sept milliards de dollars et de sa capacité d'emprunt reposant sur de solides cash flows à court terme.

Le bruit a couru que le groupe pourrait être intéressé par une grosse opération, mais Pascal Soriot préfère des acquisitions d'appoint et a dit précédemment qu'un gros achat était improbable.

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Dominique Rodriguez

par Ben Hirschler