par Pascale Denis et Sonali Paul

L'opération permettrait au groupe français d'avoir enfin les mains libres pour se développer sur les marchés d'Asie, une stratégie cruciale pour un groupe en panne de croissance mais bloquée depuis une première tentative déjà faite en tandem avec AMP il y a près d'un an.

Cette nouvelle offre, qui valorise Axa APH à 13,3 milliards de dollars australiens (9,6 milliards d'euros) doit recevoir maintenant le feu vert des administrateurs indépendants d'Axa APH. En cas de feu vert, elle sera soumise au vote de ses actionnaires en mars 2011.

Ce vote semble aujourd'hui le seul obstacle à franchir, compte tenu du feu vert accordé par les autorités australiennes de la concurrence à la précédente offre d'AMP.

Le groupe français d'assurance reprendrait seulement les activités asiatiques d'Axa APH, AMP prenant les actifs australiens, pour un montant net d'environ 1,8 milliard d'euros (sur la base d'un cours moyen d'AMP de 5,32 dollars), supérieur aux 1,4 milliard qu'il entendait débourser dans sa précédente offre faite avec National Australia Bank et rejetée en septembre par les autorités de la concurrence.

Cette annonce a été bien accueillie par les analystes et le marché, où le titre Axa surperforme l'indice CAC, gagnant 1,5% à 13,44 euros vers 12h00, dans un marché en repli de 0,4%.

"Malgré un prix supérieur et l'incertitude quant à la réponse des administrateurs d'Axa APH, c'est une bonne nouvelle pour l'avancée stratégique à long terme d'Axa", commente un analyste.

LOURDE SOUS-PERFORMANCE

La cession des activités australiennes mettrait fin, pour l'assureur français, à la contrainte réglementaire qui le lie aux autorités australiennes pour toute opération de croissance externe en Asie.

Cette annonce intervient à la veille d'une journée investisseurs très attendue.

Plombé par le flou entourant la stratégie du groupe et par son impasse en Australie, Axa accuse la plus mauvaise performance du secteur de l'assurance en Europe. La valeur chute de 19% depuis janvier, alors que son grand concurrent Allianz gagne 3% sur la période et que l'indice sectoriel européen avance de 2,6%.

"L'opération pourrait finalement se conclure. Le conseil d'administration d'Axa Asia n'a pas d'autres acquéreurs et l'accord respecte le prix qu'il souhaitait", note Tom Elliot, directeur du fonds spéculatif MM&E Capital à Melbourne.

Dans le détail, AMP et Axa offrent, en numéraire et en actions, l'équivalent de 6,43 dollars australiens par action Axa APH, soit une prime de 10% par rapport au cours de clôture de vendredi soir.

En échange d'une action Axa APH, chaque actionnaire recevra 0,73 action AMP plus une somme calculée en fonction du cours moyen de l'action sur une période de dix jours.

Le mécanisme comporte une protection contre l'évolution du cours d'AMP, entre un minimum de 4,50 dollars australiens et un maximum de 6,20 dollars.

En fonction de l'évolution du cours d'AMP, le coût net pour Axa atteindrait au maximum 3,21 milliards de dollars australiens (2,3 milliards d'euros) et un minimum de 2,3 milliards de dollars (1,6 milliard d'euros).

Axa a précisé que, sur la base d'un prix moyen de 5,32 dollars, l'opération serait relutive sur le résultat par action en 2011, qu'elle aurait un impact négatif d'un point sur son ratio de solvabilité I (de 188% au 30 juin) et aurait pour effet d'accroître de quatre points le ratio d'endettement de 27% du groupe.

AMP, qui projette de reprendre les activités australiennes et néo-zélandaises d'Axa APH pour 4,15 milliards de dollars australiens (2,98 milliards d'euros), deviendrait quant à lui le premier gestionnaire d'actifs en Australie, devant la National Bank of Australia.

Suspendues en début de séance, les cotations d'Axa APH et AMP ont ensuite repris pour terminer sur un gain de 6,7% à 6,17 dollars australiens pour Axa APH et de 2,25% à 5,45 dollars pour

AMP.

Avec Henri-Pierre André pour le service français, édité par Dominique Rodriguez