par Pamela Barbaglia et Paola Arosio

MILAN, 4 novembre (Reuters) - Le fonds souverain du Qatar a exprimé son intérêt pour une participation éventuelle à l'augmentation de capital de cinq milliards d'euros dont a besoin Banca Monte dei Paschi di Siena, a-t-on appris de deux sources proches du dossier, même si l'accueil réservé au projet par les investisseurs est mitigé.

La Qatar Investment Authority (QIA), dont les avoirs sont estimés à plus de 250 milliards de dollars, a déjà investi dans plusieurs grands groupes européens, comme Volkswagen ou Credit Suisse.

Les deux personnes proches du dossier ont déclaré que QIA était ouvert à la possibilité de jouer un rôle de premier plan dans l'augmentation de capital même si le fonds n'a pris aucun engagement ferme. L'une d'elles a ajouté que QIA devrait arrêter sa décision d'ici deux semaines.

Monte dei Paschi et QIA ont refusé de commenter ces informations.

La banque toscane espère obtenir l'engagement ferme d'au moins un grand investisseur avant le référendum constitutionnel italien du 4 décembre, dont le résultat est susceptible de faire tomber le gouvernement de Matteo Renzi, et donc de déstabiliser le marché italien.

Plusieurs médias italiens ont rapporté que l'administrateur délégué de la banque, Marco Morelli, devait se rendre au Qatar pour présenter à QIA le projet de recapitalisation et de restructuration de Monte dei Paschi.

Les informations obtenues de plusieurs sources montrent que de nombreux investisseurs ayant assisté cette semaine aux réunions de présentation du projet d'augmentation de capital organisées par la banque sont pour l'instant réticents à participer à l'opération.

"TOUT EST MIS EN OEUVRE POUR SAUVER LA BANQUE"

Monte dei Paschi a besoin de lever cinq milliards d'euros avant la fin de l'année pour écarter tout risque de démantèlement. L'établissement est en outre censé céder 28 milliards d'euros de créances à risque, à un prix inférieur à leur valeur comptable.

Une autre source proche du dossier a déclaré que des investisseurs américains avaient exprimé leur intérêt mais en posant comme condition préalable que la banque lève au moins trois milliards d'euros auprès d'un ou plusieurs investisseurs de référence et qu'elle procède à une conversion de dette en actions, afin de limiter le montant de l'offre publique de titres pour l'augmentation de capital.

"Si le montant de l'augmentation de capital (sur le marché) dépasse deux milliards d'euros, l'accord tombe à l'eau", a dit cette source.

Plusieurs sources dans les milieux bancaires jugent que même limitée à deux milliards, l'augmentation de capital représente un défi pour Monte dei Paschi, dont la valeur boursière, en baisse de 83% depuis le début de l'année, n'atteint plus que 680 millions alors que la banque a déjà levé huit milliards sur les marchés depuis 2014.

Un gérant new-yorkais qui a assisté à une réunion de présentation cette semaine a déclaré à Reuters que le projet offrait peu de perspectives pour les investisseurs car la valorisation retenue par la banque était trop élevée par rapport à celle de certains autres acteurs du secteurs.

Une autre source proche de la banque a dit que Monte dei Paschi avait du mal à convaincre les investisseurs mais qu'elle n'essuyait pas que des échecs.

"Tout est mis en oeuvre pour sauver la banque mais rien ne certifie que le projet réussira", a reconnu cette personne.

(avec Maiya Keidan à Londres et Tom Finn à Doha; Marc Angrand pour le service français)