Chronique Au coeur des marchés publiée le 22 mai 2017 dans Le Temp.

L'ouverture du Festival de Cannes 2017 est l'occasion de saluer la présidence de Pedro Almodóvar, cinéaste espagnol soulignant la duplicité des personnages. Lui-même représente la maturité et l'audace, une combinaison qui paraît bien atypique sur les marchés financiers où la maturité du cycle est plus source d'aversion au risque que d'audace. Pourtant, les performances des actifs boursiers depuis ce début d'année (dépassant les 10% pour la plupart des régions) atteignent près de 18% pour les petites et moyennes capitalisations suisses, qui caracolent en tête avec les marchés émergents. Le marché est-il vraiment déconnecté de ses fondamentaux, sacrant l'espoir de changement après l'investiture de nouveaux présidents de part et d'autre de l'Atlantique ? Difficile de se rallier à ces thèses pour qualifier la hausse vertigineuse des segments en tête, qualifiant plutôt l'audace. Cet optimisme retrouvé est en effet nourri par une saison des résultats des entreprises au premier trimestre qui révèlent de nombreuses surprises et une progression inespérée des bénéfices et des marges. Ceci n'entame pas les perspectives de profitabilité qui, elles aussi, sont revues à la hausse, contrairement aux années précédentes. La création de valeur ajoutée des entreprises est de retour, sous l'impulsion d'une croissance plus équilibrée entre les secteurs d'activité et de conditions de financement encore attrayantes. Pas étonnant dans cet environnement que les valeurs des entreprises continuent de progresser.
Toutefois, le réflexe de la peur réapparaît non plus sous la forme d'incertitude politique, mais sous le couvert de valorisation excessive, de maturité du cycle et des marchés. « Les plus hauts historiques doivent forcément corriger, se normaliser, réduire les écarts entre régions.» On oublie alors que l'audace commence à prendre le dessus dans les entreprises où se multiplient les signes d'investissements tangibles de capacité, de renouvellement et d'innovation, preuve qu'elles reprennent confiance dans l'avenir. Dans un environnement de croissance modérée freinée par des tendances structurelles dans les économies développées, dont le vieillissement de la population, l'accélération de croissance doit obligatoirement s'appuyer sur une augmentation de la productivité des entreprises qu'elles œuvrent dans la production industrielle ou les services. Le retour amorcé des investissements alimenté par le rebond des profits et des marges ouvre ces perspectives et soutient la poursuite de création des valeurs issues des actions des entreprises que les peurs, seules, ne peuvent interrompre. Maturité et audace peuvent coexister et se combiner, en effet, pour créer des films d'exception !

*ÉCONOMISTE EN CHEF, BCGE

La Sté BCGE - Banque Cantonale de Genève a publié ce contenu, le 22 mai 2017, et est seule responsable des informations qui y sont renfermées.
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