Genève (awp) - Normalisation des politiques monétaires, moteurs de croissance des entreprises et financement de l'immobilier social, la Banque cantonale de Genève (BCGE) dévoile ses prévisions à l'horizon 2025. En conférence de presse mardi, l'établissement souligne l'importance de s'adapter aux transitions.

En Suisse, la croissance et l'inflation sont attendues toutes deux à 1,4% en 2024, puis respectivement à 2,0% et 1,6% en 2025. À Genève, les données de croissance s'affichent à 1,4% puis 2,3% sur un an, et l'inflation à 1,0% puis 1,6%, selon les dernières perspectives de la Banque cantonale de Genève (BCGE).  

"Le rythme de la croissance économique reste dynamique en 2024 et se poursuivra en 2025", assure Valérie Lemaigre, cheffe Politique d'investissement et économiste en chef de la banque. "Après quatre ans de mouvements anormaux, nous avons observé un retour à la normale en matière de stocks."

Le canton de Genève, particulièrement, s'intègre dans ce mouvement-là avec une dynamique locale mais aussi orientée à l'international. "Les tensions géopolitiques ne se répercuteront sur les entreprises que si elles touchent le prix des matières premières - à l'instar de la flambée du cuivre - ou si elles exercent une tension forte sur les devises avec près de 60% des échanges internationaux en dollars", étoffe Mme Lemaigre.

La Banque nationale suisse (BNS) en mars et la Banque centrale européenne (BCE) début juin ont baissé leurs taux directeurs. La Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) pourrait faire de même à l'automne prochain, avance la banque. "L'inflation revient vers les objectifs des banques centrales, autour des 2%." Aussi, la détente sur la pression du pouvoir d'achat offre "des conditions plus favorables".  

Le taux de chômage à 3,1% en 2024 puis en baisse à 3,0% l'année prochaine illustre "un emploi solide malgré le ralentissement de l'activité. Le maintien des revenus a permis aux particuliers de continuer à consommer", ajoute la responsable. "Pour les entreprises, la solidité financière passée contribue à la poursuite des activités de dépense."

"Depuis 2018, les entreprises suisses ont continuellement investi en propriété intellectuelle, en technologie comme en recherche et développement avec un essor de l'intelligence artificielle", rappelle Mme Lemaigre. "Cette productivité permettra de faire face à une série de crises révélant trois transitions phares, à savoir la démographie, l'énergie et la technologie. L'enjeu des politiques monétaires est de faire face aux chocs que peuvent engendrer ces transitions", déclare l'experte.  

L'alternative de l'immobilier social

"Les prix de l'immobilier à Genève et en Suisse ont progressé dans l'ensemble alors que les taux se sont redressés, notamment ceux hypothécaires car Genève reste attractive", explique Sylvie Hoecht, cheffe Immobilier et construction de la BCGE. Au premier trimestre, 2000 nouveaux résidents genevois ont fait gonfler à 3000 le nombre de logements manquants. D'ici à 2050, le canton de Genève devrait enregistrer une hausse de 130'000 de ses habitants, chiffre la BCGE.

La Suisse est connue pour être un pays de locataires et non de propriétaires, et la construction n'y changera rien. En effet, le manque de terrain disponible se reflète sur des prix élevés des objets immobiliers. "Le canton genevois a pour volonté de respecter ses zones agricoles, mais présente une disparité entre Lancy qui est très densifié et Vandoeuvres qui sauvegarde les villas classées et les arbres centenaires", illustre l'experte.

Face à cela, une troisième voie se dessine à mi-chemin entre la location (LUP) et la propriété (PPE): l'habitat en coopérative de logement. "La coopérative est détenue par les sociétaires. Et avec des loyers de l'ordre de 20 à 25% inférieurs à ceux du marché ou encore des aides au financement, elle s'avère être une bonne alternative", détaille Mme Hoecht. En 2021, le canton du bout du lac comptait 128 coopératives propriétaires de près de 11'900 logements.

Dans le Plan directeur cantonal (PDCn) de 2023 à 2028, la mixité sociale des nouveaux quartiers est représentée avec un tiers de logements d'utilité publique, un tiers de non subventionnés et un tiers selon le choix du développement (PPE ou locatif). Pour la cheffe Immobilier et construction, "le rôle de l'Etat est de réduire les inégalités".

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