Le volume des fusions et acquisitions (F&A) au Canada s'est accru au deuxième trimestre, principalement grâce à d'importantes transactions proposées, mais les négociateurs restent prudents quant aux perspectives pour le reste de l'année en raison des préoccupations économiques mondiales et des hausses potentielles des taux d'intérêt.

La valeur totale des fusions et acquisitions canadiennes a augmenté pour atteindre 90,5 milliards de dollars au deuxième trimestre 2023, contre 69,4 milliards de dollars au deuxième trimestre 2022, selon les données de Refinitiv. Le décompte trimestriel est également beaucoup plus élevé que celui du premier trimestre 2023, au cours duquel 35,1 milliards de dollars de transactions avaient été annoncés.

"Je dirais que nous n'avons pas encore vu un rebond trop important", a déclaré Trond Lossius, responsable des fusions et acquisitions canadiennes chez Barclays. "Je pense qu'il s'agit d'un peu de grosses transactions qui rattrapent le terrain perdu plutôt que d'une reprise générale.

L'offre non sollicitée de 22,5 milliards de dollars de Glencore pour Teck Resources a été l'un des faits marquants de l'activité de négociation au Canada au cours du trimestre.

Teck a repoussé Glencore à plusieurs reprises, avant que cette dernière ne soumette une offre alternative pour acheter les activités de charbon sidérurgique de Teck. Teck a déclaré qu'elle évaluait plusieurs propositions pour cette activité.

Les banquiers d'affaires et les avocats spécialisés dans les transactions ont également souligné le manque de confiance des conseils d'administration à l'égard des transactions, les perspectives de bénéfices des entreprises restant moroses.

"La visibilité en termes de bénéfices, de marchés, de prix des actions, de coût de la dette sont des ingrédients clés qui manquent un peu en ce moment et c'est pourquoi cette reprise globale que nous aurions largement attendue en 2023 n'est toujours pas là", a déclaré M. Lossius.

Les volumes mondiaux de fusions et acquisitions au cours du deuxième trimestre ont augmenté de 27 % pour atteindre 729,5 milliards de dollars, contre 574,7 milliards de dollars au cours des trois premiers mois de l'année, mais en baisse par rapport aux 1,1 billion de dollars enregistrés il y a un an, selon les données de Refinitiv.

La décision de la Banque du Canada sur le resserrement de sa politique est attendue la semaine prochaine, et le consensus est divisé sur la question de savoir si la banque centrale augmentera les taux d'intérêt de 25 points de base supplémentaires ou maintiendra les taux inchangés. La Réserve fédérale américaine devrait relever ses taux d'intérêt dans le courant du mois de juillet.

La hausse des taux d'intérêt complique la tâche des grandes entreprises et des sociétés de capital-investissement qui souhaitent emprunter pour financer des acquisitions.

Au cours du deuxième trimestre, Goldman Sachs Group, BMO Capital Markets et Barclays ont occupé les trois premières places du classement des conseillers financiers canadiens, selon Refinitiv.

Les émissions de titres de créance des entreprises canadiennes ont légèrement diminué au deuxième trimestre. Le total des émissions s'est élevé à 18 milliards de dollars canadiens (13,56 milliards de dollars), en baisse par rapport aux 18,8 milliards de dollars canadiens du premier trimestre 2023.

"En général, les conversations actives se poursuivent entre les négociateurs, mais l'urgence a quelque peu ralenti", a déclaré Sarah Gingrich, associée du cabinet d'avocats Fasken.

Certains banquiers d'affaires ont déclaré que les hausses de taux pourraient conduire à une augmentation des transactions dans certains cas.

"Le revers de la médaille de la hausse des taux d'intérêt est qu'elle peut exercer une pression sur les entreprises, et c'est donc une complexité à laquelle beaucoup de fondateurs n'ont pas eu à faire face depuis un certain nombre d'années", a déclaré Jim Osler, directeur général d'Origin Merchant Partners.

"Ils peuvent en fait envisager de prendre le produit de la vente, de le placer dans un portefeuille d'investissement assez sûr et d'en tirer un bon revenu", a-t-il ajouté. (1 $ = 1,3271 dollar canadien) (Reportage de Maiya Keidan à Toronto ; Rédaction de Anirban Sen et Jamie Freed)