Soucieux de tourner la page sur des mois de manifestations contre son projet de relever l'âge de la retraite de deux ans, à 64 ans, M. Macron a promis le mois dernier de réduire les impôts de la classe moyenne de 2 milliards d'euros (2,2 milliards de dollars).

La dette de la France étant l'une des plus élevées d'Europe, avec près de 110 % de la production économique, ses projets ont été accueillis par des avertissements sévères de la Cour des comptes et de la Banque centrale, qui ont indiqué que la France ne pouvait pas se permettre de réduire les impôts sans réduire les dépenses dans les mêmes proportions.

"Nous devons faire un effort plus important sur les finances publiques, nous devons faire attention aux réductions d'impôts non financées et à la croissance trop rapide des dépenses", a déclaré le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, lors d'une conférence jeudi.

Les agences de notation prennent également note du manque de progrès de la France dans la réduction de la dette nationale, qui a explosé pendant la crise du COVID-19 et atteint aujourd'hui près de 3 000 milliards d'euros.

Alors que la réforme des retraites vise à alléger le fardeau financier, l'agence de notation Fitch a néanmoins abaissé la note de la dette publique française à la fin du mois d'avril, estimant qu'une paralysie politique potentielle et des troubles sociaux constituaient des risques pour le programme de réforme de M. Macron.

Le ministre des finances, Bruno Le Maire, s'est efforcé ces dernières semaines de convaincre S&P Global de ne pas faire de même, alors qu'elle doit mettre à jour son opinion sur la France vendredi en fin de journée.

"Contrairement à ce qu'a dit Fitch, nous sommes capables de mener des réformes, de les faire adopter et de les appliquer", a déclaré M. Le Maire à la radio France Inter mercredi, citant le plan de retraite et la réforme de l'assurance chômage à la fin de l'année dernière.

Il a indiqué qu'il détaillerait les plans de restriction des dépenses dans le courant du mois, après avoir ordonné à chaque ministère de procéder à des coupes budgétaires représentant 5 % de leur budget. En outre, la semaine dernière, il a demandé aux ministères de geler également 1 % de leurs dépenses afin de maintenir les finances publiques sur la bonne voie.

Le risque est que la France ne respecte pas les promesses faites aux partenaires européens de Paris de réduire le déficit budgétaire de 4,9 % du PIB cette année à moins de 3 % en 2027, limite fixée par l'UE, ce que certains économistes considèrent déjà comme un manque d'ambition.

"Ce qui m'inquiète, c'est que la France semble être le seul pays à ne pas avoir compris que 3 % n'est pas un objectif mais une limite à ne pas franchir", a déclaré Philippe Gudin, économiste principal chez Barclays et ancien haut fonctionnaire du Trésor français.

Si la dette française ne risque pas d'être prise en défaut par les marchés financiers, le coût de l'incapacité à réduire le déficit et la dette s'accroît rapidement.

En raison de l'envolée des taux d'intérêt au cours de l'année écoulée, le ministère des finances prévoit désormais que le coût du service de la dette française passera de 41 milliards d'euros cette année à plus de 70 milliards d'ici à 2027, soit plus que ce que l'État consacre à l'éducation ou à la défense.

"Les politiques que nous menons depuis six ans pour les Français portent leurs fruits en matière de croissance, d'emploi et de réindustrialisation. Nous ne le faisons pas pour les agences de notation", a déclaré M. Le Maire.

(1 dollar = 0,9084 euro)