Priée lors d'une conférence de presse de dire si l'émission d'actions de préférence par BNP Paribas se traduirait pas une entrée de l'Etat au capital à hauteur de 20%, Christine Lagarde a répondu : "Tout dépendra de ce que la direction de cet établissement déterminera : si elle opte pour des titres préférentiels et si elle décide de convertir ses TSS (titres supersubordonnés) en actions préférentielles."

"A ces conditions là, qui relèvent totalement de l'hypothèse puisqu'on ne sait pas de quelle manière elle se déterminera, et en fonction d'un cours de Bourse qui par hypothèse resterait le même que celui qui est aujourd'hui en place, on aboutirait à la participation que vous indiquez."

BNP Paribas a annoncé lundi qu'elle émettrait pour 5,1 milliards d'euros d'actions de préférence dans le cadre de la deuxième tranche d'aide de 10,5 milliards annoncée par l'Etat.

Cette émission passera par la conversion de ses 2,55 milliards d'euros de TSS émis en décembre en actions de préférences, des titres sans droit de vote et qui ne pourront pas être converties en actions ordinaires.

Ces 5,1 milliards d'euros représenteraient environ 20% du capital de la banque sur la base d'une capitalisation boursière d'environ 23 milliards d'euros actuellement.

"Si vous me posez la question de savoir si, détenant éventuellement 20% du capital le jour où la deuxième tranche sera ouverte, le jour où l'Etat souscrira à l'émission d' actions de préférence par la BNP, est-ce qu'à ce moment là l'Etat souhaitera ou non demander la présence d'administrateurs au sein du conseil d'administration, c'est une autre histoire", a encore déclaré Christine Lagarde.

Priée de dire si les actions préférentielles figureraient au capital de BNP Paribas, une source proche de la ministre de l'Economie a répondu : "Oui parce que ce sont des actions."

Interrogée sur le calcul du prix de l'action préférentielle, cette source a répondu : "Le prix se fera en lien avec l'action (BNP Paribas) mais je ne peux pas vous dire exactement de quelle manière parce que l'opération n'est pas faite."

L'Etat n'a pas vocation à entrer durablement dans le capital des banques françaises, a précisé cette source, "on espère que des actionnaires privés vont prendre le relais".

Dans le cadre du projet de rachat de la banque Fortis, tel que présenté en octobre dernier, les Etats belge et luxembourgeois doivent également entrer au capital de BNP Paribas à hauteur respectivement de 11,6% et de 1,1%, en contrepartie de leurs apports.

Ces derniers mois, l'action BNP Paribas a été la cible de rumeurs récurrentes de besoin de renforcement de ses fonds propres pour faire face à la crise financière internationale, obligeant la banque à démentir à deux reprises, le 19 novembre 2008 et le 21 janvier dernier, des projets d'appel au marché.

Mercredi dernier, le groupe dirigé par Baudouin Prot a ainsi démenti tout projet d'augmentation de capital en actions ordinaires.

Le titre BNP Paribas a terminé mardi en baisse de 0,16% à 24,96 euros. A ce cours, il a perdu 17,5% de sa valeur depuis le début de l'année, après avoir déjà perdu 59,2% en 2008.

Jean-Baptiste Vey et Matthieu Protard, avec la contribution de Julien Ponthus, édité par Jean-Michel Bélot