Entre 3.000 et 5.000 emplois seraient selon eux menacés avec la restructuration souhaitée par le nouveau patron de Carrefour, Georges Plassat, chargé par les principaux actionnaires de Carrefour, Colony Capital et Groupe Arnault (holding familiale du PDG de LVMH Bernard Arnault) de remettre le premier distributeur européen sur les rails.

"Les discussions ont été cordiales. Georges Plassat a beaucoup insisté sur la nécessité pour le groupe de retrouver le sens du commerce et de redynamiser des équipes démoralisées", a déclaré à Reuters Dejan Terglav, représentant du syndicat Force Ouvrière (majoritaire) à l'issue de la réunion.

Pressé de question sur les effectifs, il a déclaré qu'il "faudrait faire quelque chose" dans les sièges sociaux, où "les choses n'étaient pas allées assez loin depuis la fusion entre Promodès et Carrefour", a rapporté le responsable syndical.

Concernant le secteur clé des produits non alimentaires vendus dans les hypermarchés (électroménager, électronique, textile, loisirs), où Carrefour perd de l'argent face à la concurrence frontale des enseignes spécialisées et du commerce en ligne, Georges Plassat a déclaré qu'il faudrait, là aussi, "prendre des mesures", sans plus de précision.

Il a cependant évoqué un nécessaire changement d'organisation, une réduction de la surface de vente et la suppression de certaines marchandises des rayons.

Personne n'était joignable dans l'immédiat chez Carrefour pour commenter ces informations.

"Il n'a pas directement parlé de réduction d'effectifs et a préféré entretenir le flou, mais il va sans dire que les sièges sociaux sont visés et que la réduction de la voilure dans le non alimentaire passera par des suppressions d'emplois", a précisé le représentant de Force ouvrière.

DANS LE CREUX DE L'ÉTÉ

La direction pourrait, selon lui, attendre le creux de l'été pour en faire l'annonce et éviter d'éventuels remous lors de l'assemblée générale du groupe (le 18 juin), à l'issue de laquelle Georges Plassat sera officiellement nommé PDG.

Vétéran de la distribution, Georges Plassat a rejoint Carrefour le 2 avril comme directeur général délégué, précédé d'une solide réputation d'expert de la distribution et des restructurations musclées.

Artisan du redressement du distributeur de chaussures et d'habillement Vivarte, il avait massivement taillé dans les coûts du groupe.

Les marchés attendent maintenant sa feuille de route pour Carrefour, entravé par nombre d'errements stratégiques et qui ne parvient pas à enrayer l'érosion de ses parts de marché en France, où il réalise encore 40% de son chiffre d'affaires.

La remise à plat des méthodes de gestion, la place du non alimentaire, l'avenir des grands hypermarchés dans les pays matures, le positionnement prix et la stratégie à l'international - dans un marché qui bruisse de rumeurs sur de possibles cessions d'actifs jugés non stratégiques - sont autant de chantiers qui témoignent de l'ampleur de la tâche à accomplir pour redresser le géant de la distribution.

Alors que ses performances se sont encore détériorées en France et en Europe du Sud au premier trimestre, l'exercice 2012 s'annonce encore très difficile, de l'avis des analystes, sur fond de dégradation du climat économique en Europe et de baisse de la consommation de produits non alimentaires.

Certains comme ceux d'Oddo Securities estiment que les investisseurs devront s'armer de patience car le redressement pourrait prendre trois à quatre ans.

Le distributeur, un des principaux employeurs du secteur privé dans l'Hexagone, employait plus de 112.000 personnes à la fin 2011 en France.

Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot

par Pascale Denis