Paris (awp/afp) - Le groupe de distribution Casino, en difficultés financières, se laisse jusqu'au 23 mai, 17h00, avant de solliciter l'ouverture d'une procédure de conciliation avec ses créanciers devant lui permettre de renégocier sa dette.

"La décision définitive de solliciter l'ouverture d'une procédure de conciliation reste soumise à l'approbation du conseil d'administration de Casino", a rappelé le groupe dans un communiqué mardi après la clôture de la Bourse.

Tôt dans la matinée, Thierry Blandinières, directeur général du groupe InVivo qui est l'actionnaire principal de Teract, sur les rangs pour reprendre l'activité française de Casino, avait créé la surprise en affirmant sur Radio Classique qu'un conciliateur allait "être nommé le 22 mai" au chevet du groupe d'origine stéphanoise.

Procédure amiable

"Nous rentrons dans la phase d'étude de la dette" et "un conciliateur va être nommé le 22 mai", a expliqué M. Blandinières sur Radio Classique, ajoutant qu'"à partir de là, on aura sûrement une meilleure visibilité de l'étendue de la dette de Casino".

Officiellement, Casino s'était jusque-là borné à annoncer étudier la possibilité d'ouvrir une procédure de conciliation avec ses créanciers, se fixant initialement jusqu'au 19 mai pour cette consultation préalable.

La procédure de conciliation est une procédure amiable devant permettre à l'entreprise en difficulté de conclure un accord avec ses principaux créanciers.

Le distributeur, qui emploie plus de 50.000 personnes en France et 200.000 dans le monde sous de nombreuses enseignes, dont Monoprix ou Franprix, lutte depuis des années pour se désendetter, jusque-là sans succès.

Il est endetté à hauteur de 6,4 milliards d'euros à fin 2022 (dont 4,5 milliards sur son activité France), auxquels s'ajoutent plus de trois milliards de dette pour la maison mère du groupe, Rallye.

Rallye, ainsi que la cascade de holdings par lesquelles Jean-Charles Naouri détient le contrôle du distributeur, avaient bénéficié en mai 2019 d'un placement en procédure de sauvegarde et font l'objet depuis fin avril d'une procédure amiable pour la renégocier.

Dans ce contexte, le groupe suscite des convoitises.

Main tendue

Casino discute officiellement depuis février d'un possible rapprochement avec Teract, qui compte surtout des enseignes de jardineries (Jardiland, Gamm Vert), et dont l'actionnaire majoritaire est le géant de l'agroalimentaire InVivo, union de 188 coopératives agricoles.

Teract, dont le directeur général est Moez-Alexandre Zouari, important franchisé du groupe Casino en Ile-de-France et actionnaire de l'enseigne de surgelés Picard, compte autour de la table de son conseil d'administration le fondateur de Free Xavier Niel et le banquier d'affaires Matthieu Pigasse. Fin avril, la troisième chaîne de supermarchés en France, Intermarché, s'est jointe à ces discussions.

Mais une autre offre a émergé, portée par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, déjà actionnaire à hauteur de 10% de Casino, et qui a proposé le 24 avril d'injecter 750 millions d'euros dans le groupe via une augmentation de capital réservée de plus d'un milliard d'euros au total.

Il est allié pour l'occasion avec un vieil ami du PDG de Casino Jean-Charles Naouri, Marc Ladreit de Lacharrière, et a assuré qu'à ses yeux "la situation financière" de Casino n'était "plus tenable sans une intervention rapide".

Dimanche, Moez-Alexandre Zouari a tendu la main à Daniel Kretinsky, l'invitant à travailler de concert et nourrissant l'espoir de trouver un compromis dans le cadre d'une possible procédure de conciliation.

Dans les deux cas, ces convoitises extérieures pourraient se traduire par la perte de contrôle de Casino par Jean-Charles Naouri, premier actionnaire depuis 1992 et PDG depuis 2005.

La maison mère de Casino Rallye a toutefois modifié mardi ses statuts pour repousser l'âge limite pour la présider de 75 à 78 ans lors de son assemblée générale, alors que Jean-Charles Naouri a eu 74 ans en mars.

afp/rp