* Emmanuel Besnier ne donne pas d'évaluation du préjudice

* Rappel de 12 millions de boîtes de lait dans 83 pays

PARIS, 13 janvier (Reuters) - Le président du groupe Lactalis, silencieux depuis le début de l'affaire des lots de poudre de lait pour bébé contaminés par des salmonelles, se défend de tout manquement et promet d'indemniser "toutes les familles qui ont subi un préjudice", dans un entretien accordé au Journal du Dimanche.

Emmanuel Besnier n'a pas donné d'estimation du préjudice.

La crise sanitaire portant sur des produits fabriqués dans l'usine du groupe située à Craon (Mayenne) a pris un tour politique en fin de semaine avec les demandes gouvernementales de sanctions contre le premier groupe laitier français.

Au-delà du numéro un mondial des produits laitiers, la crise touche aussi la grande distribution, dont les principales enseignes (Leclerc, Auchan, Carrefour, Système U) ont admis avoir écoulé les produits malgré les rappels successifs.

Notamment mis en cause par le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, qui l'a reçu vendredi, Emmanuel Besnier déclare que l'extension du rappel à l'ensemble des boîtes de lait infantile produites sur le site de Craon sans considération de date annoncée à l'issue de cette rencontre ne résulte pas d'une "injonction du ministre" mais d'une proposition qu'il a lui même soumise.

Ce rappel concerne plus de 12 millions de boîtes dans 83 pays, indique Emmanuel Besnier.

"PAS DE MANQUEMENTS"

Le président de Lactalis, qui avait quitté Bercy sans parler à la presse à l'issue de cette rencontre, déclare au JDD qu'"à aucun moment il n'y a eu une intention de cacher les choses", même s'il reconnaît "qu'il manquait cinq lots dans le premier fichier" transmis aux autorités, mais "cela a été corrigé dès le lendemain".

S'il considère "qu'il ny a pas eu de manquements (de la part de Lactalis) sur les procédures", Emmanuel Besnier prend ses responsabilités dans ce dossier.

"Notre métier, c'est de mettre des produits sains sur le marché. Si cela na pas été le cas, cest notre responsabilité. Je l'assume", déclare-t-il.

Assurant avoir pour "obsession" de comprendre ce qui s'est passé, il précise ne pas avoir eu "d'informations sur de possibles contaminations avant le 1er décembre".

Des traces de salmonelles avaient été identifiées dans l'environnement en août et en novembre 2017 dans le cadre de contrôles réguliers mais en l'absence "d'éléments montrant que nos produits étaient touchés", le groupe déclare avoir suivi les procédures, avec un renforcement des nettoyages et des contrôles.

"Mais nous allons tirer les leçons de cette crise et rebâtir un plan de contrôle sanitaire encore plus strict, en concertation avec les autorités", précise Emmanuel Besnier.

Pour lui, la "priorité absolue, c'est la sécurité maximale", même s'"il n'y aura jamais de risque zéro sur cette question comme sur d'autres".

Face aux critiques sur son silence depuis le début de l'affaire, Emmanuel Besnier concède ne pas être "d'une nature expansive" et explique que "sans une crise comme celle-là, on cherche d'abord à agir".

Avec plus de 60 sites industriels et 15.000 salariés en France, le groupe, dont le siège est basé à Laval en Mayenne, demeure très implanté dans l'Hexagone, où il fabrique et commercialise des produits sous les marques Président, Lactel ou encore Bridel. (Myriam Rivet, édité par Danielle Rouquié)

Valeurs citées dans l'article : Carrefour, Casino Guichard-Perrachon