par Dan Wilchins et Joseph A. Giannone

La nouvelle société d'intermédiation financière, Morgan Stanley Smith Barney, sera numéro un aux Etats-Unis avec plus de 20.000 courtiers et 1.700 milliards de dollars d'actifs sous gestion (près de 1.300 milliards d'euros).

En effectif, la société de Bourse emploiera plus de personnels que Bank of America, qui a pris le contrôle de Merrill Lynch le 1er janvier (et qui en conservera le nom).

Concrètement, Citigroup va apporter 100% de Smith Barney ainsi que Smith Barney Australia et sa filiale britannique Quilter à la nouvelle société en échange de son entrée au capital à hauteur de 49%. Citigroup recevra en outre un paiement de 2,7 milliards de dollars.

En revanche, Citigroup n'y apporte pas Citi Private Bank ni Nikko Cordial Securities.

Morgan Stanley, en apportant la totalité de sa gestion de patrimoine, sera majoritaire dans la nouvelle co-entreprise avec 51% du capital et aura la possibilité à terme d'en détenir 100%.

Citigroup de son côté prévoit de céder des actifs non stratégiques et pourrait annoncer des actions en ce sens le 22 janvier, le jour de la publication de ses résultats, apprend-on de source proche de la question.

Ce jour-là aussi, l'ex-première banque américaine devrait annoncer une grosse perte au titre du quatrième trimestre 2008.

La création de ce joint-venture dans la gestion de patrimoine pourrait être une étape décisive dans le démantèlement du "supermarché financier" créé par l'ancien homme fort du groupe, Sanford "Sandy" Weill, quand sa société, Travelers Group avait pris le contrôle de Citicorp en 1998 pour donner naissance à Citigroup.

L'actuel patron de Citigroup, Vikram Pandit, est en train de céder tout une série d'actifs de la banque, désormais classée numéro trois aux Etats-Unis. Cette politique est jugée nécessaire alors que la banque croule sous les pertes massives dues à des investissements malheureux sur les marchés du crédit avec à la clés d'importantes dépréciations.

CITIGROUP CRÉERAIT "UNE MAUVAISE BANQUE"

Sur l'année close fin septembre, Citigroup a perdu 20,3 milliards de dollars, essentiellement en raison de produits de dettes complexes, dont certains liés au crédit immobilier.

"Le modèle de Citigroup était 'soyons plus gros, cela nous rendra meilleurs", rappelle Robert Millen, chez Jensen Investment Management. "Cela ne s'est pas passé comme ça."

De source proche du dossier, on indique que Citigroup pourrait se diviser entre une "bonne" banque et une "mauvaise" banque. Dans cette dernière, seraient logés 600 milliards de dollars d'actifs illiquides.

Citigroup et Morgan Stanley se sont vues attribuer 55 milliards de dollars dans le cadre du plan de sauvetage des banques américaines, le Tarp (Troubled Asset Relief Program).

Après trois ans, Morgan Stanley pourra monter à 65% de la nouvelle société, à 80 après quatre ans et à 100 après cinq ans.

Grâce à leur alliance, les deux banques espèrent économiser 1,1 milliard de dollars soit 15% de leurs dépenses combinées.

Sur cette somme, 320 millions proviendront du personnel, 350 millions de rapprochements en matière technologique et de back-office et 180 millions du marketing et autres services.

En après-Bourse, Citigroup reculait de 8 cents à 5,82 dollars après avoir fini en hausse de 30 cents à 5,90 dollars. Morgan Stanley perdait 35 cents à 18,51 dollars après avoir monté de 7 cents à 18,86 dollars.

Morgan Stanley va donc pouvoir se diversifier quatre mois après avoir adopter le statut de holding bancaire pour pouvoir avoir accès aux dépôts des particuliers et survivre, à la différence de ses concurrents de taille plus petites comme Bear Stearns Lehman Brothers.

Citigroup devrait extérioriser une plus-value nette de 5,8 milliards de dollars et renforcer ses fonds propres de 6,5 milliards de dollars.

Ceci fait suite à l'obtention par la banque de 45 milliards de dollars de fonds Tarp, dont 20 milliards reçus en urgence en novembre qui ont permis à Citigroup d'être protégées sur certaines pertes sur un montant de 306 milliards de dollars d'actifs très douteux.

Morgan Stanley a obtenu 10 milliards de fonds Tarp.

James Gorman sera président de la nouvelle société, ce qui en fait le favori pour un jour succéder à John Mack à la tête de Morgan Stanley.

Charles Johnston, qui était responsable de la gestion de fortune de Citigroup aux Etats-Unis et au Canada, dirigera Morgan Stanley Smith Barney.

L'opération devrait être effective au troisième trimestre, après avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires.

Version française Danielle Rouquié