Zurich (awp) - Le titre Credit Suisse se reprenait nettement vendredi matin, après avoir inscrit la veille un nouveau plus bas. Le groupe a dévoilé une perte nette abyssale pour 2022 et des reflux massifs de fonds, avertissant que 2023 risquait de se solder encore une fois par un résultat négatif.

A 10h08, l'action du numéro deux bancaire helvétique progressait de 3,1% à 2,86 francs suisses, à contre-courant d'un indice vedette SMI en retrait de 0,50%. Jeudi, la nominative avait inscrit un nouveau plus bas de l'année à 2,708 francs suisses.

Faisant suite à la publication jeudi d'une perte nette de 7,29 milliards de francs suisses en 2022, le plus important débours depuis la crise financière de 2008, et des sorties d'argent nouveau de 123,2 milliards sur l'ensemble de l'année, plusieurs analystes ont abaissé leur objectif de cours. Morgan Stanley l'a ainsi ramené à 3,50 francs suisses, contre 4 francs suisses précédemment, UBS à 3,10 francs suisses (3,40) et Barclays même à seulement 2,30 francs suisses (2,90).

Les spécialistes de RBC attendent plus de précisions sur la stabilisation des activités de Credit Suisse et une meilleure visibilité sur le processus de transformation de la banque, qui s'est lancée l'année dernière dans une vaste restructuration, notamment de sa banque d'affaires qui doit être externalisée ou cotée en Bourse.

Les analystes étaient conscients que le quatrième trimestre 2022 allait être difficile, "mais dans certains domaines la performance a été pire qu'attendu", ont-ils souligné dans une note de marché. Ces derniers ont notamment pointé du doigt les sorties de fonds de 92,7 milliards de francs suisses, représentant 15% des avoirs sous gestion, dans la gestion de fortune, autour de laquelle l'établissement entend se recentrer. RBC ne table pas sur des afflux nets en 2023, mais tout de même sur une accélération par la suite.

Retour au bénéfice pas avant 2025

La performance de la banque d'affaires, qui a inscrit une lourde perte, a été péjorée par la réduction des actifs à risques, la profonde restructuration et des conditions de marché difficiles, ont-ils ajouté.

Pour Morgan Stanley, "le verre est à moitié vide, pour l'heure". "Peu importe comment progresse le processus de restructuration, la stabilisation de l'activité de gestion de fortune doit être l'objectif primordial" de Credit Suisse, ont-ils indiqué dans un commentaire. Dans ce contexte, l'arrêt de l'hémorragie de capitaux nouveaux dans cette unité représenterait le signe le plus important.

La banque dispose toujours d'un portefeuille équilibré de clients riches et ultra-riches (HNW et UHNW) et de produits diversifiés. L'activité en Suisse est toujours perçue comme solide. Pour 2023, les analystes de Morgan Stanley tablent sur une perte nette de 3,5 milliards de francs suisses et de 300 millions l'année suivante. Le groupe devrait renouer avec les bénéfices en 2025 avec un profit net de 1,8 milliard.

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