par Laura Noonan

NICOSIE, 24 mars (Reuters) - Les deux premières banques de Chypre ont mobilisé l'attention du secteur financier dans le monde entier depuis la semaine passée. Les deux établissements ont frôlé la banqueroute et les mesures prises pour leur éviter la chute donnent des sueurs froides au secteur bancaire dans son ensemble.

Chypre a accepté samedi un prélèvement exceptionnel sur les dépôts de plus de 100.000 euros, alors même que quatre jours auparavant, le Parlement rejetait le principe de la taxation des dépôts.

Un haut fonctionnaire chypriote a dit à Reuters que Nicosie avait passé un accord avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) en vue d'imposer une taxe de 20% sur les dépôts de plus de 100.000 euros de la Banque de Chypre , premier établissement de l'île, et de 4% pour les dépôts dépassant ce seuil des autres banques.

Le Parlement a également voté la nationalisation des fonds de pension ainsi que la séparation des activités performantes des activités en difficulté des banques, une mesure susceptible de s'appliquer à Banque populaire de Chypre, la deuxième banque de l'île connue également sous le nom de Laiki.

BANQUE DE CHYPRE

L'existence de la première banque de Chypre remonte à 1899.

Sa valorisation culminait à près de 7,5 milliards d'euros en décembre 2007 mais est retombée depuis à 400 millions d'euros.

Employant 11.000 personnes, elle fait surtout de la banque de dépôt à Chypre et en Grèce mais aussi de la banque d'investissement.

Ses dépôts représentent 27,8 milliards d'euros, dont 66% à Chypre et 23% en Grèce. Ces montants, datés de fin septembre 2012, figurent dans les comptes du troisième trimestre de la banque (Ces données ne sont pas disponibles pour Laiki).

La banque est présente à Chypre (52% des crédits), en Grèce (33%), en Russie, en Roumanie, en Ukraine, dans les Iles Anglo-Normandes. Elle a également des bureaux à Moscou, Saint-Pétersbourg et Ekaterinbourg en Russie, à Kiev en Ukraine, à Belgrade en Serbie et à Johannesburg en Afrique du Sud. Les pourcentages sont de fin septembre 2012.

Suivant son rapport annuel de 2011, 61% de son capital est détenu par des Chypriotes et 13% par des Grecs. Le reste est détenu par "d'autres pays". Près de 80% des actionnaires étaient privés.

La banque a perdu 1,6 milliard d'euros sur des obligations grecques en 2011. Les provisions pour créances douteuses et irrécouvrables ont plus que doublé à 800 millions d'euros de janvier à septembre 2012, les créances douteuses représentant alors 17% du total.

BANQUE POPULAIRE DE CHYPRE (LAIKI)

La capitalisation boursière de la deuxième banque chypriote, fondée voici plus de 110 ans, dépassait les huit milliards d'euros en novembre 2007 pour retomber à 170 millions d'euros en mars 2013.

Banque de dépôt, banque corporate et banque d'investissement sont ses principaux segments mais l'établissement fait aussi de la gestion de fortune en particulier.

La banque est présente à Chypre (43% des crédits), en Grèce (48%), au Royaume-Uni, en Russie, en Ukraine, en Roumanie, en Serbie, à Malte, à Guernesey. Elle a également un bureau en Chine. Les pourcentages datent de décembre 2011.

La République chypriote détient 84% du capital depuis un renflouement de 1,8 milliard d'euros en juin 2012. Le reste est propriété de quelque 92.000 investisseurs privés et institutionnels, selon des informations d'août 2012 sur le site de la banque.

Laiki a perdu 2,3 milliards d'euros sur des obligations souveraines grecques en 2011. Les résultats de janvier à septembre 2012 révèlent des provisions sur créances qui ont quasiment quadruplé à 400 millions d'euros. (Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Henri-Pierre André)