Francfort (awp/afp) - Deutsche Bank s'estime en bon chemin pour redevenir rentable sur la durée après avoir fait état mercredi du meilleur résultat trimestriel en sept ans, en ayant pu échapper aux pertes liées à la faillite retentissante du fonds Archegos.

De janvier à mars, l'établissement dirigé par Christian Sewing a affiché un bénéfice net part du groupe de 908 millions d'euros, le meilleur depuis début 2014 et ce sans avoir subi comme souvent par le passé les affres de scandales financiers, contrairement cette fois à des rivaux dont Credit Suisse dans l'affaire Archegos.

En 2020, la banque allemande avait encore dégagé une perte nette de 43 millions d'euros (47,5 millions de francs suisses au cours actuel) lors du premier trimestre mais avait ensuite inversé la tendance pour dégager son premier bénéfice net annuel en six ans, à 113 millions d'euros.

L'exercice 2021 est bien parti pour faire mieux en terme de rentabilité, même si le directeur financier James von Moltke n'a pas souhaité donner d'ordre de grandeur lors d'une conférence téléphonique.

"Nous avons jeté les bases pour que notre banque redevienne durablement rentable", s'est quant à lui félicité M. Sewing dans une lettre adressée aux salariés.

Malgré les affres liées à la pandémie, les provisions sur les prêts à risque sont en très net recul sur le trimestre écoulé, à 69 millions d'euros, soit 86% de moins à trimestre comparable par rapport à 2020.

La banque explique le phénomène par des reprises opérées sur des dotations anciennes car les clients ont remboursé leurs prêts, et par de meilleures perspectives économiques.

A l'abri de scandales

La division phare de banque d'investissement, jadis au coeur de nombreux scandales, a évité de voir ses performances assombries après l'implosion du fonds américain Archegos fin mars. L'institut avait diminué son exposition à temps sur ce client, a précisé le directeur financier.

La rentabilité pour 2021 sera toutefois érodée de 400 millions d'euros de charges "hors de (notre) contrôle", a déclaré M. von Moltke, dont une partie découle de la déconfiture de la société financière britannique Greensill.

Deutsche Bank va devoir verser au moins 15 millions par trimestre et ce pendant 4 années pour reconstituer un fonds d'indemnisation ayant servi à indemniser les milliers de clients privés lésés par cette faillite.

La banque récolte aussi les fruits de sa lourde restructuration lancée à l'été 2019, avec le retrait d'activités telles le négoce d'actions et la cession de l'activité de crédits aux fonds d'arbitrage à BNP Paribas, le tout en voulant mettre 18'000 personnes à la porte d'ici 2022.

Les troupes restantes de négociants et de banquiers d'affaires ont brillé ces derniers mois, faisant que la banque d'investissement a vu ses recettes à fin mars bondir de 32% sur un an, à 3,1 milliards d'euros et son résultat imposable de 134%, à 1,5 milliard d'euros.

"Même si les marchés se normalisent comme prévu dans les mois à venir, nous nous attendons désormais à des recettes aussi élevés pour 2021 que l'année précédente qui était très forte", déclare M. Sewing.

"Ancienne gloire"

Les autres divisions - banque de détail et des entreprises, gestion d'actifs - ont également vu leur rentabilité se gonfler sur un an, en partie grâce à une stricte discipline sur les coûts.

La faiblesse des taux d'intérêt a pesé sur les recettes mais elle aura "progressivement moins d'impact sur nos bénéfices dans la banque des entreprises et la banque de détail que l'année précédente", ajoute le PDG de la banque.

En somme, les "mauvaises années pourraient appartenir au passé et l'ancien leader du secteur pourrait se retrouver sur le long chemin du retour à son ancienne gloire", commente Konstantin Oldenburger, analyste chez CMC markets.

Les annonces du jour ont séduit la Bourse de Francfort, l'action Deutsche Bank grimpant en matinée de plus de 8% à 11 euros, dans un indice Dax avançant de 0,33%.

afp/fr