Le Figaro indique dans son édition de mardi que le fournisseur alternatif de gaz et d'électricité cherche un repreneur.

"Le dossier circule activement depuis deux mois et une banque a été spécialement missionnée pour cela", écrit le quotidien, sans citer ses sources.

"Ce n'est pas la première fois que l'entreprise dirigée par Charles Beigbeder génère des rumeurs de ce type, mais le dossier est aujourd'hui extrêmement sérieux", ajoute Le Figaro.

Une porte-parole de l'opérateur autrichien d'électricité Verbund, qui détient près de 30% de Poweo, a déclaré : "Poweo va informer l'autorité des marchés financiers. En dehors de cela, nous n'avons pas davantage de commentaires."

Une porte-parole de Poweo n'a en revanche pas souhaité commenter ces informations dans l'immédiat. Personne n'était joignable dans l'immédiat à l'AMF.

Au cours de clôture de lundi soir, soit 11,83 euros, Poweo affichait une capitalisation boursière proche de 134 millions d'euros. Le titre Poweo perdait alors près de 60% depuis début septembre 2008.

Vers 13h15, mardi, il bondissait de 15,38% à 13,65 euros.

Pour Le Figaro, l'environnement économique difficile et "les relations notoirement délicates" entre le distributeur français et Verbund peuvent pousser Poweo à se mettre sur le marché.

"Un industriel étranger décidé à investir le créneau des particuliers pourrait être tenté" par Poweo, Selon le quotidien, qui cite comme "exemple" l'allemand RWE.

"Un rapprochement avec Direct Énergie - l'autre principal fournisseur alternatif sur le marché français - est également évoqué. En tout état de cause, une éventuelle opération concernant Poweo n'en est aujourd'hui qu'au stade des préliminaires", a également écrit Le Figaro.

Pour Olivier Becker, analyste chez Oddo Securities, "même si ces scénarii sont encore au stade de rumeurs, la dimension spéculative du titre n'en demeure pas moins d'actualité dans un contexte de 'crédit crunch' et après une baisse de près de 60% du titre en 4 mois".

"E.ON, CANDIDAT LE PLUS CRÉDIBLE"

"E.ON nous semble être le candidat le plus crédible compte tenu de ses ambitions en France depuis l'acquisition d'Endesa France/Snet", a-t-il ajouté, relevant au passage la participation du groupe allemand au projet de terminal méthanier du français et la possibilité pour E.ON de "faire jouer les synergies dans le thermique et les énergies renouvelables" en cas de rachat de Poweo.

Le partenariat stratégique conclu entre Verbund et Poweo en janvier 2006 suscite toutefois des interrogations sur les modalités d'une éventuelle reprise de Poweo par un autre industriel.

En plus de sa participation de 30% dans le capital de Poweo, Verbund détient en effet 40% de l'ensemble des projets d'actifs de production du groupe (via Poweo Production).

Le groupe autrichien dispose également d'une option d'achat portant sur la participation de 60% de Poweo dans Poweo Production, exerçable uniquement en cas de changement de contrôle du groupe français. Cette option expirera en septembre 2011 ou avant si Verbund lance une OPA sur Poweo.

"Toute opération majeure sur le capital de Poweo devra ainsi se faire en accord avec Verbund. Le changement récent de CEO chez Verbund pourrait ouvrir la voie à une réflexion sur le développement de l'autrichien en Europe", a souligné Olivier Becker.

Outre Verbund, Charles Beigbeder et le fonds Ecofin sont présents au capital de Poweo, respectivement à hauteur de 13% et 30%.

"Si cession il y avait, elle aurait forcément lieu en concertation avec Verbund dont le prix de revient est situé autour de 27 euros", ont pour leur part souligné les analystes de Natixis Securities dans une note.

"Ces rumeurs confortent notre recommandation 'renforcer', qui s'appuie sur : une valorisation anormalement faible (inférieure au prix à la casse des actifs) ; l'attrait grandissant de Poweo compte tenu de sa montée en puissance sur un marché français de l'électricité encore très fermé ; l'attrait spéculatif du dossier", ont-ils ajouté.

Poweo, qui développe actuellement un parc de production électrique dans le cadre de sa stratégie d'opérateur intégré - avec un objectif de 25% de ses capacités de production exploitant les différentes énergies renouvelables -, comptait au 31 décembre 2008 plus de 300.000 sites clients (particuliers et professionnels confondus).

Benjamin Mallet, avec la contribution d'Alexandra Schwartz à Vienne et de Matt Gil, édité par Jacques Poznanski