* Proglio évoque des "relations normales"

* Il attend d'être jugé sur ses résultats

par Julien Ponthus

PARIS, 18 novembre (Reuters) - Le PDG d'EDF Henri Proglio a démenti vendredi les rumeurs de tensions avec le président français depuis la campagne présidentielle et a demandé à être jugé sur ses résultats.

Henri Proglio, qui faisait partie de la délégation de François Hollande en Pologne, a évoqué des "relations normales" avec le chef de l'Etat.

"Ce n'est pas un khmer rouge et je ne suis pas un extrémiste non plus", a-t-il plaisanté avec un groupe de journalistes dans l'avion ramenant le président en France après sa visite d'Etat polonaise.

"J'attends d'être jugé sur mes résultats", a-t-il ajouté.

Henri Proglio avait fait publiquement part de ses doutes l'année dernière quant à l'objectif de François Hollande de réduire la part de l'électricité nucléaire en France de 75% à 50% à l'horizon 2025, mettant en avant un avantage compétitif français dans le domaine nucléaire.

Depuis, les spéculations allaient bon train sur le remplacement de ce patron jugé trop proche de l'ancienne majorité par des personnalités telles que le PDG de la SNCF Guillaume Pepy ou encore Anne Lauvergeon, l'ancienne patronne du groupe nucléaire Areva.

Pour Henri Proglio, si l'Etat, majoritaire au capital d'EDF, avait vraiment voulu le débarquer de ses fonctions, il l'aurait déjà fait: "Vous savez quand vous êtes actionnaire à 85%...", suggère-t-il.

L'ancien dirigeant de Veolia, dont le mandat expire en 2014, a indiqué être motivé par un "défi personnel" à la tête d'EDF, disant voir sa fonction comme "le meilleur job d'Europe".

Si la question du renouvellement de son mandat n'est pas d'actualité, elle n'est pas non plus un sujet tabou.

"On verra si on me le demande", relativise-t-il, minimisant d'autres sujets de friction avec le gouvernement, notamment la décision de François Hollande de limiter les rémunérations des dirigeants au sein des entreprises publiques.

PAS DE CHAMBOULEMENT

"Je suis pas là pour l'argent", dit Henri Proglio, dédramatisant aussi le projet du gouvernement de procéder à la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) d'ici fin 2016.

"Si le gouvernement décide d'arrêter Fessenheim, je demanderais des indemnités, je défends mes actionnaires mais je ne vais pas en faire un conflit", a-t-il indiqué.

François Hollande n'avait pas répondu spécifiquement durant la campagne présidentielle à la question du maintien d'Henri Proglio et avait évoqué le principe de la loyauté des dirigeants par rapport à l'Etat actionnaire.

"La compétence sera le seul critère. Pour moi, la loyauté sera demandée à l'égard de l'Etat, non à l'égard de la personne du chef de l'Etat", avait alors déclaré le candidat socialiste.

Malgré cette déclaration rassurante, la majorité de l'époque avait dénoncé un risque de "chasse aux sorcières" si les socialistes arrivaient aux affaires.

La célèbre déclaration du socialiste Paul Quilès, au congrès de Valence en 1981, était alors revenue dans les esprits.

"Il ne faut pas se contenter de dire (...) des têtes vont tomber, il faut dire lesquelles, et le dire rapidement", avait dit Paul Quilès suite à l'élection de François Mitterrand.

L'élection de François Hollande n'a pour le moment pas provoqué de chamboulement majeur à la direction des entreprises publiques françaises.

La désignation en novembre par le gouvernement de l'ancien directeur général de la Caisse des dépôts (CDC) Augustin de Romanet pour le poste de PDG d'Aéroports de Paris (ADP) a même surpris.

Nommé en 2007 directeur général de la CDC par Jacques Chirac deux mois avant son départ de l'Elysée, Augustin de Romanet, ne peut guère être soupçonné de proximité avec le pouvoir actuel. (avec Benjamin Mallet, édité par Chine Labbé)

Valeurs citées dans l'article : VEOLIA ENVIRON., AREVA, EDF