Selon Les Echos qui citent des projections internes du groupe, EDF envisage "une hausse de l'ordre de 24% entre 2010 et 2015" des tarifs pour les particuliers afin de financer ses investissements.

Dans le cadre de la réforme du marché français, dont la mesure phare prévoit qu'EDF cède une partie de son électricité d'origine nucléaire à prix coûtant à ses concurrents, le groupe public a préparé un "projet alternatif" dans lequel il demande notamment "de la visibilité sur les prix", ajoute le quotidien.

"Entre 20% et 30%, nous avons tout entendu", a fait savoir une source gouvernementale interrogée par Les Echos.

Une porte-parole du groupe a de son côté déclaré à Reuters qu'"EDF dément catégoriquement avoir formulé une quelconque demande d'augmentation des tarifs de l'électricité".

La question d'une hausse des prix pour financer les investissements d'EDF avait été soulevée en juillet par le prédécesseur d'Henri Proglio à la tête du groupe, Pierre Gadonneix. Ce dernier, qui était alors candidat à sa propre succession, s'était trouvé fragilisé par ses déclarations suggérant une hausse des tarifs de 20% sur trois ans ou plus.

Les analystes d'Oddo Securities, dans une note publiée lundi, estiment qu'une demande d'augmentation de 24% des tarifs d'EDF pour les particuliers, si elle était confirmée, s'inscrirait "avant tout dans une stratégie de négociation avec le gouvernement" dans le cadre de la réforme du marché français.

OBTENIR DES GARANTIES

Pour l'électricien public, tout l'enjeu consisterait à obtenir des garanties sur l'évolution des tarifs pour les particuliers mais aussi à s'assurer qu'il ne devra pas brader l'électricité d'origine nucléaire qu'il sera contraint de vendre à ses concurrents, tels que GDF Suez, Poweo ou Direct Energie.

"Soyons clairs", a dit Henri Proglio dans sa lettre aux actionnaires du mois de janvier. "Je ne vois pas de raison de permettre à des opérateurs qui n'ont pas investi et qui n'assurent pas les risques d'exploitation de nos centrales d'acquérir l'électricité produite par EDF à son prix de revient. Je suis bien décidé à faire des propositions pour bousculer cette perspective."

Les tarifs d'EDF, groupe détenu à 85% par l'Etat français, sont aujourd'hui fixés par les ministres de l'Economie et de l'Energie et entrent donc régulièrement dans le champ du débat politique.

La question ressurgit à un très mauvais moment pour EDF avec la polémique déclenchée par le maintien d'Henri Proglio à la présidence non exécutive de Veolia, dont il était auparavant le

PDG.

"Henri Proglio est un ami de (Nicolas) Sarkozy et, quand il est attaqué, je pense qu'on attaque aussi Sarkozy", a déclaré à Reuters un membre du conseil d'administration de Veolia.

"J'ai du mal à envisager qu'on le remplace. Mais si c'était inéluctable, il faudrait au moins entre un et deux ans pour le faire", a-t-il ajouté.

Le président Nicolas Sarkozy est lundi soir l'invité d'une émission spéciale de la chaîne de télévision TF1.

La ministre de l'Economie Christine Lagarde et le ministre du Budget Eric Woerth ont estimé dimanche qu'Henri Proglio ne pourrait conserver éternellement ses fonctions chez Veolia, alors que les critiques de l'opposition sur le sujet se multiplie. Henri Proglio, lors de sa nomination à la tête d'EDF, avait lui-même indiqué que cette situation serait "transitoire".

Les critiques s'étaient dans un premier temps concentrées sur la rémunération de 450.000 euros annuels d'Henri Proglio chez Veolia, cumulée à son salaire chez EDF, le contraignant à y renoncer le 21 janvier.

Ces polémiques pourraient en outre compliquer le projet d'Henri Proglio de rapprocher Veolia et EDF, projet qui pourrait se traduire par une montée de l'électricien public à hauteur de 15% du capital du groupe de services aux collectivités.

Benjamin Mallet, avec les contributions de Jean-Stéphane Brosse et Matthias Blamont, édité par Jean-Michel Bélot et Dominique Rodriguez