La transaction annoncée mardi devrait marquer la fin de près de dix années d'efforts de la part du groupe français d'électricité pour mettre la main sur son concurrent italien, une saga qui a marqué l'histoire du capitalisme transalpin et généré bien des frictions entre les deux pays.

"C'est enfin la fin du feuilleton. C'est donc plutôt une bonne nouvelle", a réagi John Honore, analyste de la Société générale.

EDF est entré officiellement au capital d'Edison en 2005, et n'a eu de cesse d'en prendre le contrôle, une offensive longtemps repoussée avec succès par les actionnaires italiens soutenus par leur gouvernement.

EDF a accepté de payer 700 millions d'euros pour porter à 80,7%, contre 50% environ actuellement, sa participation dans Edison, dont la capitalisation est d'environ quatre milliards d'euros.

L'action Edison est ainsi valorisée à 0,84 euro, et EDF a posé comme condition que les autorités boursières italiennes ne réclament pas une offre publique obligatoire à un prix supérieur à 0,84 euro par action pour le rachat des minoritaires.

En contrepartie, l'accord préliminaire prévoit qu'Edipower passera aux mains des actuels actionnaires de référence italiens d'Edison, dirigés par le groupe régional italien de services aux collectivités A2A.

En outre, Edison s'engage à fournir du gaz à Edipower à des conditions de marché pour un volume au moins égal à 50% des besoins pour les six prochaines années.

EDIPOWER, CONDITION DES ITALIENS

"Ils ont fait une concession sur Edipower, mais c'était la condition fixée par les italiens. Le prix et les conditions sont conformes à ce qui était attendu", a commenté un autre analyste basé à Paris.

Le directeur financier d'EDF a tenu à relativiser la portée de cette concession.

"Edison détient aujourd'hui une participation de 50% dans Edipower, cette participation représente environ moins de 10% de l'Ebitda attendu en 2012 d'Edison", a déclaré Thomas Piquemal lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

Surtout, cette transaction permettra de réduire la dette d'Edison de 1,1 milliard d'euros, un renforcement de son bilan qui devrait rassurer les agences de notation, a-t-il ajouté.

Il n'a néanmoins pas exclu formellement une augmentation de capital pour l'électricien italien.

Concrètement, EDF va acquérir les 50% qui lui manquaient dans une société holding - Transalpina di Energia - qui détient une participation de 61,3% dans Edison. Cela lui permettra de porter sa participation totale dans Edison à 80,7%.

Dans un deuxième temps, une offre publique obligatoire sera lancée sur le solde du capital d'Edison mais EDF a d'ores et déjà indiqué qu'il souhaitait conserver Edison en Bourse.

Séparément, la holding italienne Delmi, qui regroupe A2A et d'autres groupes régionaux italiens, va acquérir respectivement 50% et 20% d'Edipower auprès d'Edison et de la société suisse Alpiq, pour 600 millions et 200 millions d'euros.

A2A a dit prévoir de finaliser d'ici la fin juin 2012 la réorganisation du capital d'Edison conclue avec EDF.

"L'accord sera soumis à l'approbation des conseils d'administration d'A2A, d'EDF, de Delmi et d'Edison d'ici au 31 janvier 2012", a précisé A2A dans un communiqué commun avec Delmi.

"La finalisation devrait intervenir au plus tard le 30 juin 2012."

A 12h28, l'action EDF était en hausse de 0,38% à 18,49 euros alors que l'action Edison baissait de 1,38% à 0,82 euro.

Avec Caroline Jacobs, édité par Dominique Rodriguez

par Julien Ponthus et Alexandre Boksenbaum-Granier