Lugano (awp) - La banque tessinoise BSI a vu son bénéfice net bondir en 2015, en dépit du recul des avoirs sous gestion (AuM) consécutif à la levée du taux plancher EUR/CHF et à l'amnistie fiscale italienne, et de l'amende américaine de plus de 200 mio USD infligée en mars dans le cadre du programme de régularisation fiscale. Le programme d'excellence opérationnelle lancé il y a deux ans commence à porter ses fruits, mais les perspectives restent assombries par plusieurs affaires en suspens.

En 2015, BSI a vu son bénéfice net multiplié par 51, à 112,5 mio CHF. Les avoirs clients se sont érodés de 10% à 84,3 mrd CHF. L'hémorragie de fonds est attribuée à des performances négatives dans la foulée de la levée du taux plancher EUR/CHF, au départ de clients institutionnels et à la transformation progressive de la base de clientèle, énumère mercredi l'établissement luganais dans son compte rendu d'activité.

Le produit des opérations d'intérêts s'est étiolé de 10,8% à 175,5 mio CHF, en raison selon BSI des faibles taux d'intérêts, négatifs même en Suisse. Le produit des commissions et services a fondu de 11,3% à 454,8 mio CHF, sous l'effet de la contraction de la masse d'avoirs sous gestion, ainsi que d'une activité moindre des clients. Le produit du négoce a enflé de 14,9% à 171,6 mio CHF et celui des autres activités de 40,0% à 16,6 mio CHF.

Sollicitée par AWP, la direction de la banque n'a pas voulu fournir plus de détails quant à l'identité ou à la motivation des clients ayant fait défection. Fin mars, le directeur général (CEO) Stefano Coduri avait cependant révélé un reflux de capitaux de plus de 5 mrd CHF en 2015, à 12,4 mrd dans la région Asie, qui représente près de 15% du total.

SCANDALE EN MALAISIE

En Asie toujours, la succursale singapourienne de la banque tessinoise est actuellement empêtrée dans l'affaire 1MDB, un fonds public malaisien au centre d'un scandale international de corruption. Dernier repreneur de BSI en date, le gestionnaire de fortune zurichois EFG International avait déclaré en février disposer d'une protection judiciaire "considérable". Là aussi, BSI n'a pas souhaité communiquer d'information plus détaillée.

Le ratio coûts-revenus a été amélioré de 5,7 points de pourcentage, à 74,7%. Le ratio de fonds propres s'établissait fin décembre à 22,8%, contre encore 17,1% douze mois plus tôt.

Les dépenses d'exploitation ont été ramenées à 609,7 mio CHF, contre encore 698,7 mio CHF en 2014, sous l'effet des mesures d'optimisation adoptées ces deux dernières années et qui doivent déployer tout leur potentiel à compter de l'exercice en cours. Les frais généraux et administratifs ont fondu de 17,5%. "Les réductions de coûts informatiques liées à la fusion avec EFG ne sont pas compris dans ces résultats", fait observer BSI.

VENTE DE B-SOURCE SANS LIEN AVEC LA FUSION

Fin mars, le groupe fusionné EFG-BSI avait détaillé son plan de synergies de 100 mio CHF suite à la migration de la plateforme informatique de l'établissement tessinois (Avaloq) vers celle de son homologue genevois (Temenos) d'ici fin 2017. A ce propos, BSI a précisé que la vente de sa participation de 49% dans B-Source (rebaptisée depuis Avaloq Sourcing) en février n'est en rien liée à la fusion. "L'intention (d'Avaloq) d'exercer son option remonte à 2014", a rappelé son porte-parole.

Le processus d'intégration lié à la fusion avec EFG a été entamé. L'opération doit déboucher sur la création de la cinquième plus grande banque privée à l'échelle du pays. L'actuel propriétaire de BSI, le brésilien BTG Pactual, lui même embourbé dans le scandale Petrobras, s'était vu contraint de céder certains de ses actifs pour renflouer ses caisses, quelques mois seulement après la finalisation de son acquisition.

Le rapport d'activité ne délivre aucune appréciation pour l'année en cours "Nous ne formulons pas d'objectifs financiers", a signalé le porte-parole.

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