(Actualisé après la fin du rendez-vous à l'Elysée, discours jeudi)

PARIS, 12 octobre (Reuters) - Le premier président et le procureur général de la Cour de cassation se sont rendus mercredi soir à l'Elysée pour obtenir des explications de François Hollande à la suite des vives critiques qu'il aurait formulées envers les magistrats.

Rien n'a filtré de cet entretien d'une vingtaine de minutes, organisé après la publication de propos attribués à François Hollande dans le livre "Un président ne devrait pas dire ça" stigmatisant la lâcheté de l'institution judiciaire.

Les deux hauts magistrats, Bertrand Louvel et Jean-Claude Marin, doivent prononcer jeudi, à la Cour de cassation, un discours en réponse à ces déclarations, précise-t-on de source judiciaire.

L'Union syndicale des magistrats (USM), majoritaire, a fait part mercredi de son indignation et appelé dans un communiqué le chef de l'Etat à "infirmer" ou à "retirer" ses propos.

Lors du congrès annuel de l'USM, le 7 octobre dernier, François Hollande avait déclaré : "ce sont d'abord les magistrats qui font la grandeur de la justice" et insisté sur son soutien à l'institution judiciaire, rappelle l'USM.

Mais selon le contenu de l'ouvrage à l'origine de l'irritation des magistrats, François Hollande n'apprécie pas les juges.

"Cette institution, qui est une institution de lâcheté (...) parce que c'est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux... On n'aime pas le politique. La justice n'aime pas le politique", aurait-il dit.

"Ce n'est pas une engeance facile, la magistrature, il ne faut vraiment pas commettre de fautes, on peut être lynché (...)", aurait ajouté le président.

Des propos auxquels l'USM a vivement répliqué.

"L'USM ne peut donc qu'être atterrée de lire aujourd'hui des propos stigmatisant la lâcheté de l'institution judiciaire en son ensemble", écrit le syndicat.

"Elle est consternée par ce double discours du garant constitutionnel de l'indépendance de l'autorité judiciaire", ajoute le syndicat.

Il souligne qu'il est "indifférent que les magistrats aiment ou non le politique, leur mission étant de dire le droit, en toute indépendance et sans préjugés". (Gérard Bon, Elizabeth Pineau et Chinne Labbé, édité par Simon Carraud)