* Jacob (UMP) estime qu'il faudra abroger le mariage gay

* La gauche accuse l'Eglise d'attaquer la laïcité (Avec réactions supplémentaires)

PARIS, 3 novembre (Reuters) - La condamnation du mariage homosexuel par l'archevêque de Paris, André Vingt-Trois, qualifié de "supercherie" ( ), samedi, a été soutenue à droite et condamnée à gauche.

L'ancienne ministre UMP Valérie Pécresse, proche de l'ex-Premier ministre François Fillon, a ainsi estimé que l'Eglise défendait une "vision humaniste" et "anthropologique".

"Nous, nous ne sommes pas favorables au mariage homosexuel (...) non pas parce que nous ne sommes pas favorables à la reconnaissance de l'amour des couples homosexuels mais parce que ça touche à la filiation et que nous ne voulons pas voir disparaître la référence au père et à la mère dans le code civil", a-t-elle déclaré à i-TV.

Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Christian Jacob, demande pour sa part dans une interview accordée au Journal du Dimanche des "états généraux" sur la question du mariage homosexuel.

"Je demanderai dès cette semaine au président de l'Assemblée de créer une commission spéciale", dit-il. "J'ai également écrit au Premier ministre et au président du Comité consultatif national d'éthique pour leur demander un grand débat national sous forme d'états généraux."

Si le projet de loi sur le "mariage pour tous", qui doit être examiné mercredi en conseil des ministres, était adopté, "il faudrait l'abroger" lors du retour de la droite au pouvoir, ajoute Christian Jacob.

Le rapporteur socialiste de ce projet de loi à l'Assemblée, le député Erwann Binet taxe d'hypocrisie cette demande de débat - "Le débat est ouvert", dit-il dans le Journal du Dimanche.

Concernant la position de l'Eglise, il dit souhaiter que "les chrétiens, comme tous les Français, ne cherchent pas à imposer leur vision de la famille à la société".

LAÏCITÉ

Le conseiller régional socialiste d'Ile-de-France Jean-Luc Romero a pour sa part reproché samedi à l'Eglise d'avoir "profité du pont de la Toussaint pour occuper les médias" en réitérant son opposition au "mariage pour tous".

Il a rappelé que le mariage homosexuel, objet de ce projet de loi, était une promesse électorale du président François Hollande. "On se demande si l'Eglise se rappelle qu'on est quand même dans une République laïque", a-t-il dit sur i-TV. "On a un peu l'impression que le vote des Français, eh bien l'Eglise s'en fiche totalement."

Le secrétaire national du Parti des radicaux de gauche, Pascal-Eric Lalmy, a reproché à Mgr André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France, d'attaquer "frontalement la laïcité".

"Le discours de l'archevêque de Paris, à l'occasion de l'ouverture de l'Assemblée plénière des évêques de France à Lourdes (...), montre encore une fois que l'Eglise de France n'a pas renoncé à remettre en cause le principe républicain de laïcité", écrit-il dans un communiqué.

"Les Radicaux de gauche regrettent que l'épiscopat français s'entête à défendre une vision archaïque et contraignante de la société qui assigne à l'individu un rôle sexué dont il ne pourrait s'extraire", ajoute-t-il.

Quant au député écologiste Denis Baupin, vice-président de l'Assemblée nationale, il a accusé l'archevêque de tenter "une fois encore de faire pression sur les élus de la République pour les empêcher de donner les mêmes droits à tous les citoyens".

"M. Vingt-Trois, respectez les élus de la République, respectez les citoyens", déclare-t-il dans un communiqué.

Mgr Vingt-Trois a notamment qualifié le mariage homosexuel de "supercherie qui ébranlerait un des fondements de (la) société" et il a invité les catholiques à faire part à leurs élus de leur opposition au projet de loi. (Emmanuel Jarry)