BERLIN (dpa-AFX) - Le Bundestag se penche à partir d'aujourd'hui, dans le cadre d'une commission d'enquête, sur les décisions prises en matière de sortie du nucléaire en Allemagne. La présidente du Parlement, Bärbel Bas, ouvrira la séance constitutive dans la soirée. Il s'agit de la deuxième commission d'enquête de la législature, après celle en cours sur le retrait des troupes allemandes d'Afghanistan. Elle a été demandée mi-juin par le groupe parlementaire de la CDU/CSU au Bundestag. La séance plénière de cet après-midi sera consacrée à la demande de convocation. Son adoption est considérée comme une formalité.

L'Union estime que le public pourrait être trompé

L'enjeu de la commission d'enquête n'est rien de moins que de savoir "si le public a été trompé lors de la décision de fermer les trois dernières centrales nucléaires", a déclaré à l'agence de presse allemande Andreas Lenz, député CSU au Bundestag et spécialiste de la politique énergétique. "Il s'agit du soupçon fondé que l'examen ouvert des résultats promis pour la poursuite de l'exploitation n'a jamais eu lieu", poursuit-il.

Il a ajouté que son groupe exigerait la transparence nécessaire dans le cadre de l'enquête et qu'il clarifierait les responsabilités dans le processus de sortie du nucléaire. Lenz fait partie des 14 membres qui composeront la nouvelle commission.

L'Allemagne a cessé d'utiliser l'énergie nucléaire à la mi-avril 2023. Les trois dernières centrales ont été définitivement arrêtées. Avant cela, le gouvernement fédéral avait décidé de laisser fonctionner les réacteurs pendant quelques mois supplémentaires en raison de la crise énergétique résultant de la guerre d'agression russe contre l'Ukraine. A l'origine, la sortie du nucléaire devait être effective au 31 décembre 2022. La durée de la poursuite de l'exploitation des centrales ainsi que la décision de sortir définitivement du nucléaire avaient suscité de vifs débats et controverses, tant au sein du gouvernement que dans l'opposition.

La poursuite de l'exploitation seulement après un mot d'ordre du chancelier

Les Verts se sont longtemps opposés à toute forme de prolongation de la durée de vie des centrales, mais ont finalement soutenu le concept de réserve opérationnelle temporaire pour deux des trois derniers réacteurs présenté par Habeck et les exploitants de centrales nucléaires en septembre 2022. Le FDP avait fait campagne pour une durée d'exploitation au-delà d'avril 2023. En octobre 2022, le chancelier Olaf Scholz (SPD) s'est ensuite prononcé pour la poursuite de l'exploitation des trois réacteurs jusqu'au printemps 2023 au plus tard.

Du point de vue de la CDU/CSU, il est douteux que les décisions relatives à la poursuite de l'exploitation aient été prises de manière "impartiale" et "sans préjuger des résultats". Cette représentation est également étayée par un rapport publié il y a des semaines par le magazine "Cicero", selon lequel des doutes internes concernant la sortie du nucléaire, alors encore prévue pour fin 2022, auraient été étouffés tant au ministère de l'Économie qu'à celui de l'Environnement au printemps 2022. Les deux ministères le contestent.

Comme l'indique la motion de l'Union demandant la création de la commission d'enquête, le ministre fédéral de l'Économie Robert Habeck (Verts) a promis le 27 février 2022 un examen ouvert des résultats concernant une éventuelle poursuite de l'exploitation des centrales nucléaires en Allemagne et a annoncé le 1er mars de la même année un examen "sans tabou".

Peu de temps après, le 7 mars 2022, le ministère de Habeck et le ministère fédéral de l'Environnement, également vert, de Steffi Lemke ont publié une "note de contrôle" commune dans laquelle ils rejettent la poursuite de l'exploitation, notamment pour des raisons de sécurité.

Lemke et Habeck rejettent les accusations

Il n'est pas exclu que "l'expertise professionnelle ait dû céder le pas aux exigences politiques et partisanes", peut-on lire dans la motion. C'est pourquoi il faut notamment clarifier si les contrôles promis par Habeck pour une prolongation de la durée de vie ont eu lieu et si "les voix critiques ont été systématiquement étouffées", comme l'a encore expliqué le politicien CSU Lenz.

Lemke et Habeck eux-mêmes rejettent ces accusations. Lors de plusieurs auditions en commissions spécialisées et de débats en séance plénière, ils ont assuré avoir toujours agi en leur âme et conscience. Le ministère de Lemke a déclaré que les accusations avaient été "écartées". Après une audition en avril, Habeck avait assuré : "La sécurité de l'approvisionnement était pour moi une priorité absolue et toute la maison a travaillé sans interdiction de penser, mais bien sûr toujours sur la base de faits, de données et aussi de normes juridiques".

Nous verrons dans les semaines à venir si cette déclaration peut être tenue. Les deux ministres devront alors répondre aux questions de la commission en tant que témoins./faa/DP/zb