par Marcus Stern et Kristina Cooke

ATLANTA, 5 janvier (Reuters) - Auteur d'une campagne discrète pour ne pas dire atone jusqu'à ces derniers jours, Rick Santorum, n'a pas suscité de la part de ses adversaires l'attention que l'on réserve à ceux qui font la course en tête.

Arrivé deuxième du caucus de l'Iowa, battu par Mitt Romney pour seulement huit voix, l'ancien sénateur de Pennsylvanie a vu son passé relativement épargné pour l'instant dans la campagne des primaires républicaines.

Ce temps est sans doute révolu et les cinq autres candidats encore en lice devraient lui infliger un traitement identique à celui réservé à Newt Gingrich lorsqu'il avait entamé sa percée dans les sondages.

Depuis quelques jours, des questions ont commencé à émerger à propos de cet homme de 53 ans qui a su réunir sous son nom les conservateurs religieux du Midwest.

On se souvient qu'en 2008, il avait soutenu Romney et non John McCain et qu'en 2004, il avait apporté son appui au sénateur Arlen Specter et non à Pat Toomey.

En 2010, ses révenus ont dépassé le million de dollars, y compris des émoluments provenant d'une société de lobbying, d'une entreprise de forage douteuse et d'un conglomérat hospitalier poursuivi pour fraude fiscale.

Soutenu par les électeurs attachés aux valeurs traditionnelles, Santorum a des positions bien connues sur l'avortement, le mariage homosexuel et les questions sociales. En revanche, son passé politique montre qu'il est un "apparatchik" dans le petit monde du pouvoir à Washington.

"La lumière est aveuglante et si vous clignez des yeux ou si vous trébuchez même légèrement, les choses deviennent dures", explique Dan Schnur, ancien conseiller de campagne pour le camp républicain.

"Santorum n'a pas encore été confronté à cela et il risque d'être frappé de plein fouet", ajoute-t-il.

L'intéressé affirme être prêt à affronter l'adversité. "Ce n'est pas mon premier rodéo. J'ai déjà fait des campagnes difficiles", a-t-il affirmé lundi juste avant le scrutin dans l'Iowa.

Le gouverneur du Texas, Rick Perry, a tiré la première salve la semaine passée en rappelant que Santorum avait soutenu le relèvement du plafond de la dette publique américaine et avait apporté son appui à des projets dispendieux comme celui du Pont vers Nulle Part en Alaska.

ACCUSATION DE FAVORITISME

Santorum n'avait que 32 ans quand il a été élu pour la première fois au Congrès en 1990. Il a servi deux mandats à la chambre des représentants avant de rejoindre le Sénat pour deux autres mandats de 1997 à 2005.

Au cours de ces législatures, Santorum s'est vu qualifier par l'association des citoyens pour la responsabilité et l'éthique à Washington d'être l'un des trois sénateurs "les plus corrompus" en 2005 et 2006.

L'association chargée de surveiller le bon fonctionnement des institutions gouvernementales l'accusait dans un rapport d'utiliser "sa position de membre du Congrès pour avantager financièrement ceux qui avaient contribué à son comité de campagne et à son comité d'action politique".

Catholique pratiquant et père de sept enfants, Santorum a pris des positions sur plusieurs questions sociales qui pourraient lui aliéner le soutien des électeurs modérés et d'autres groupes de votants.

Il est ainsi partisan d'un rétablissement de la politique du "Don't Ask Don't Tell" (une sorte de loi du silence) sur l'homosexualité au sein de l'armée.

Il prône également l'annulation des mariages homosexuels qui sont reconnus commes légaux dans le New Hampshire, Etat dans lequel se poursuit le processus de désignation le 10 janvier.

Il est opposé à l'avortement légal et pourtant a soutenu une loi qui autorisait l'IVG dans les cas de viol, d'inceste ou de danger pour la mère.

Lors de ca campagne sénatoriale contre le démocrate Bob Casey Jr. en 2006, les attaques s'étaient révélées si rapides et violentes que Santorum avait jugé bon de publier une déclaration intitulée "50 choses que vous ne savez pas à propos de Rick Santorum".

Il tentait d'y assouplir son image de conservateur rigide en prônant un relèvement des minima sociaux, la recherche sur les cellules souches, la lutte contre le sida, la garantie des avantages de la sécurité sociale, le soutien scolaire en maternelle et même un renforcement du contrôle sur les agences de lobbying.

Depuis, ce texte a disparu de ses sites internet mais dans le climat de tension qui est en train de gagner, il va certainement fournir des minutions pour nourrir le feu de ses rivaux. (Pierre Sérisier pour le service français) ;))