Le prestataire de services bio-analytiques (+2,87% à 47,46 euros) a rebondi ce mercredi après avoir publié une deuxième réponse plus détaillée aux accusation portées par le vendeur à découvert Muddy Waters (MW). Le titre avait perdu 16% en une seule séance le 24 juin après la publication du rapport de Muddy Waters: s'il a rebondi entre-temps, il n'a pas retrouvé son niveau antérieur, supérieur à 52 euros. L’action a aujourd’hui limité ses gains en fin de séance après que MW a publié un nouveau rapport critique sur le groupe.

"Erreurs factuelles" et "allégations trompeuses"

"L'intégralité des allégations et insinuations contenues dans le rapport MW sont soit inexactes, non pertinentes, biaisées et/ou trompeuses" affirme Eurofins dans sa réponse publiée ce matin

"MW n'a jamais entamé de dialogue avec Eurofins pour discuter de ses évaluations, ce qui aurait pu empêcher la diffusion d'informations incorrectes et trompeuses" s'indigne Eurofins, qui dénonce "l'absence totale de compréhension d'Eurofins et de ses activités par MW".
Alors que selon MW "pendant deux décennies, le Dr Martin (son patron fondateur) a siphonné l'argent d'Eurofins pour constituer son portefeuille immobilier commercial",le groupe affirme avoir "déjà confirmé dans plusieurs rapports annuels et publications que les transactions entre parties liées sont réalisés dans des conditions de pleine concurrence".

Alors que MW pointe la " bizarrerie " qui fait "qu'à mesure qu'Eurofins grandit, elle s'intéresse de plus en plus aux petites acquisitions. " , le groupe répond qu' " il existe de nombreuses raisons économiquement et stratégiquement rationnelles pour lesquelles le chiffre d'affaires moyen des sociétés acquises par Eurofins varie dans le temps et a été plus bas en 2023 ". Parmi ces raisons,  le "climat économique plus incertain" et "l'inadéquation des attentes de nombreux vendeurs de grandes entreprises dans un environnement de taux d'intérêt plus élevés".

Alors que pour MW la gouvernance d'Eurofins est "optimisée pour les malversations" avec "des dirigeants apparemment cooptés et un conseil d'administration faible", Eurofins répond que "seuls 3 des 8 administrateurs du groupe sont membres de la famille Martin", les 5 autres étant indépendants, et que les administrateurs non-exécutifs sont "tous des personnalités hautement qualifiées", et qu'"aucun cadre du groupe ne perçoit de rémunération informelle".

"Il est étonnant de voir à quel point un rapport aussi intéressé contenant tant d'erreurs factuelles, d'allégations trompeuses et erronées démontrant une ignorance totale d'Eurofins, de ses marchés et du fonctionnement des multinationales et des principaux auditeurs mondiaux peut être émise par une organisation comme MW qui prétend servir la société en révélant la vérité" déclare le Dr Martin. "Est-il possible faire autant d'erreurs et de fausses hypothèses involontairement ?" se demande-t-il.

Eurofins continue d'accéder aux archives concernant les faits plus anciens cités avec des erreurs par Muddy Waters et envisagera de formuler des réfutations documentées supplémentaires à un stade ultérieur.

Muddy Waters revient à la charge contre Eurofins

Le fonds souligne qu'Eurofins compte au moins 18 auditeurs dans l'ensemble de sa structure, dont au moins 13 uniquement en Europe et critique le  " chaos comptable ".

MW estime en outre qu'en 2022, entre 1,5 et 1,7 milliard d'euros de chiffre d'affaires d'Eurofins ont été générés par 800 à 900 entités qui ont généré moins de 5 millions d'euros de chiffre d'affaires chacune. Le vendeur à découvert dénonce une "balkanisation" permettant à Eurofins de "créer de fausses recettes et dépenses".

"L'Inde semble un choix étrange pour la fonction de consolidation d'Eurofins", ajoute enfin MW, jugeant que "les personnes effectuant le travail de consolidation ont besoin d'une certaine stature au sein d'une organisation, car elles nécessitent souvent une coopération continue de la part des équipes financières des filiales".

L'attaque de Muddy Waters n'est pas une première pour le groupe qui a déjà subi en juin 2019 les assauts de ShadowFall Fund. Le hedge fund considérait Eurofins comme une société "de plus en plus désespérée et endettée, qui se dirige sans doute vers une crise de liquidité", lui reprochant alors déjà une structure trop complexe avec 800 filiales.