Le président de la BCE Mario Draghi a dit jeudi, au terme de la réunion du Conseil des gouverneurs, qu'il y avait unanimité au sein de l'institution pour envisager de faire fonctionner la planche à billets afin de stimuler l'économie de la zone euro dans le cas où l'inflation resterait très faible très longtemps.

Le vice-président de la BCE Vitor Constancio a déclaré pour sa part vendredi que la BCE n'avait pas encore débattu des modalités de mise en oeuvre de mesures d'assouplissement quantitatif.

Le principal acquis de la réunion de jeudi a été d'obtenir l'unanimité du conseil sur le principe d'un recours à de telles mesures si l'inflation demeurait durablement inférieure à 1%, un niveau que Mario Draghi qualifie de "zone dangereuse", a-t-il ajouté.

La BCE estime que racheter pour 1.000 milliards d'euros d'actifs sur un an ajouterait 0,2 à 0,8 point au taux d'inflation, en fonction du modèle économique suivi, rapporte la FAZ.

"La question qui se pose est de savoir si le marché de la dette privée en Europe est suffisamment important pour un QE", observe le quotidien, citant une source proche de la banque centrale.

Un banquier central se dit très préoccupé par les éventuelles distorsions de marché qu'une telle initiative entraînerait, redoutant en particulier l'émergence d'une bulle spéculative sur le marché des emprunts de sociétés, ajoute la FAZ.

PRIORITÉ À DES TAUX DIRECTEURS BAS

La BCE se tient prête mais estime qu'elle n'a pas pour le moment à utiliser des instruments non conventionnels car elle juge le faible niveau de l'inflation dû en partie à des facteurs temporaires, déclare pour sa part Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, dans une interview accordée au Figaro.

"L'inflation devrait donc remonter mais nous continuerons à suivre les évolutions très attentivement et agirons si nécessaire", dit-il.

L'assouplissement quantitatif ne garantit pas à lui seul la reprise du crédit, ajoute Benoît Coeuré.

"Même si le QE se traduit par plus de liquidités dans le bilan des banques, il n'est pas sûr que cela crée du crédit", dit-il.

"La BCE ne peut se substituer à l'assainissement des banques. La revue des bilans bancaires que nous menons en 2014 y contribuera. C'est pourquoi un QE à l'européenne sera nécessairement différent de ce qui se pratique aux États-Unis", ajoute le membre du directoire de la BCE.

Si elle se tient prête à s'éloigner de son orthodoxie pour avoir recours à l'assouplissement quantitatif, la BCE estime que la reprise se dessine et veut l'accompagner avec des taux d'intérêt bas sur une période prolongée.

"Les marchés anticipent une reprise économique. C'est bon signe, et nous pensons qu'ils ont raison", dit Benoît Coeuré au Figaro.

"Nous voulons donc l'accompagner avec des taux d'intérêt bas, voire plus bas, sur une période prolongée", ajoute-t-il.

(David Milliken et Eva Taylor, Wilfrid Exbrayat et Patrick Vignal pour le service français, édité par Marc Joanny)