(Actualisé avec précisions)

par Dominic Evans et Ahmed Rasheed

BAGDAD, 13 novembre (Reuters) - L'armée irakienne a annoncé dimanche avoir repris à l'organisation Etat islamique (EI) la ville de Nimrud, célèbre pour ses ruines d'une ancienne cité assyrienne d'il y a 3.000 ans.

"Les soldats de la neuvième division blindée ont totalement libéré la ville de Nimrud et hissé le drapeau irakien sur ses bâtiments", déclare l'armée dans son communiqué.

Des officiers de l'armée ont annoncé par la suite que les djihadistes avaient été chassés de la cité antique. Nimrud se trouve sur la rive orientale du Tigre, à 30 km au sud de Mossoul, le dernier grand bastion urbain de l'EI en Irak, à l'intérieur duquel les forces de sécurité tentent de pénétrer actuellement.

La ville moderne de Nimrud est située à un kilomètre à l'ouest du site archéologique sur lequel se trouvent les ruines de la grande métropole de la Mésopotamie antique. Elle était autrefois la capitale de l'empire assyrien qui s'étendait de l'Egypte jusqu'à des territoires qui font partie aujourd'hui de l'Iran et de la Turquie.

L'organisation djihadiste avait diffusé l'an passé une vidéo dans laquelle ses combattants détruisaient au bulldozer, à la perceuse électrique et à l'explosif des murailles et des statues parmi lesquelles celles de taureaux ailés à visage humain, connus sous le nom de lamassu, qui encadraient les entrées du palais d'Assurnazirpal II, souverain d'Assyrie au IXe siècle avant Jésus-Christ.

L'armée irakienne a également pris Noumaniya, commune en bordure de Nimrud sur la rive orientale du Tigre à trente kilomètres au sud de Mossoul.

Pour le vice-ministre irakien de la Culture, Kaïs Hussain Rachid, la récupération du site antique constitue une victoire pour l'ensemble du monde face à l'EI qui est toujours maître des ruines de Ninive et de Khorsabad ainsi que de la ville d'Hatra située dans le désert et vieille de 2.000 ans.

"La libération des sites archéologiques irakiens contrôlés par les forces de l'obscurantisme et du mal est une victoire non seulement pour les Irakiens mais également pour l'humanité", a commenté Rachid.

IMPORTANTS DÉGÂTS

L'ampleur des dégâts infligés à ces vestiges n'a pas encore été établie précisément mais des responsables irakiens affirment que certains bâtiments ont été entièrement détruits.

Selon un rapport du ministère irakien de la Culture l'an passé, des panneaux muraux sculptés dans le palais de Nimrud avaient été volés en juillet 2014. Huit mois plus tard, des dégâts supplémentaires avaient été signalés.

Les djihadistes auraient également détruit dix taureaux ailés ornant les entrées du palais ainsi que le temple d'Ishtar, déesse de l'amour, de la guerre, du sexe et du pouvoir, et de Nabû, dieu de la sagesse et de l'écriture.

Un mois plus tard, en avril 2015, "des bandes ont fait totalement sauter la ville et ses bâtiments anciens", ajoutait le rapport.

Des consignes spécifiques ont été fournies par les conservateurs des antiquités irakiennes aux forces armées sur le terrain et aux forces aériennes américaines pour éviter d'endommager les sites archéologiques par accident.

Des informations ont également été fournies aux chefs militaires sur "l'héritage et les antiquités de Ninive" où se déroulent les opérations armées.

La ville de Nimrud avait été mise au jour au XIXe siècle par l'archéologue britannique Austen Layard. Maw Mallowan et sa femme, Agatha Christie, avaient travaillé sur le site dans les années 50.

Cette expérience et différents voyages entre la Grande-Bretagne et le Moyen-Orient avaient nourri plusieurs ouvrages de la célèbre auteure comme "Le Crime l'Orient-Express" et "Meurtre en Mésopotamie". (Dominic Evans; Danielle Rouquié et Eric Faye pour le service français)