par John Whitesides et Mark Hosenball

WASHINGTON, 30 octobre (Reuters) - L'équipe d'Hillary Clinton a tenté dimanche de reprendre l'initiative dans l'affaire des mails privés qui plombe la campagne de la candidate démocrate depuis le début et qui ressurgit au pire moment, à dix jours de la présidentielle du 8 novembre.

John Podesta et Robby Mook, respectivement président et manager de la campagne démocrate, ont vivement critiqué le directeur du FBI James Comey pour avoir informé dans un courrier les parlementaires américains que l'agence allait examiner de nouveaux courriels rédigés par Hillary Clinton à partir d'une messagerie personnelle lorsqu'elle était secrétaire d'Etat.

La candidate pensait être débarrassée de cette affaire qu'elle porte comme une croix depuis les primaires et qui a contribué à accentuer la désaffection de l'opinion publique à son égard.

L'annonce faite vendredi par James Comey de l'ouverture d'une nouvelle enquête intervient au pire moment pour les démocrates et est une bénédiction pour Donald Trump qui ne cesse de demander que sa rivale soit jetée en prison.

Interrogé sur CNN, John Podesta a expliqué que le courrier envoyé par Comey au Congrès comportait "beaucoup d'insinuations et peu de faits". Selon lui, le patron du bureau fédéral a créé un précédent en dévoilant des aspects d'une enquête si tôt avant une élection présidentielle.

"Nous demandons à M. Comey de venir expliquer quels sont les enjeux", a poursuivi John Podesta invité de l'émission "State of the Union" sur la chaîne d'information en continu. "Comley doit vraiment expliquer pourquoi il a pris cette mesure sans précédent, d'autant plus qu'il ajoute dans sa lettre au Congrès que cela pourrait être sans importance".

"Il aurait dû commencer par vérifier (les courriels) avant de faire cela au milieu d'une campagne présidentielle, si près du scrutin", a-t-il ajouté.

La lettre de James Comey, envoyée en dépit des objections de responsables du département de la Justice, va plonger les derniers jours de la campagne dans un tourbillon médiatique. Donald Trump qui est en retard dans les sondages y voit la démonstration qu'Hillary Clinton est, comme il l'affirme, corrompue et indigne de confiance.

L'AVANCE DE CLINTON SE RÉDUIT

En juillet, James Comey avait annoncé que la première enquête du bureau fédéral sur l'affaire des courriels était close et qu'elle n'exigeait pas de poursuites contre l'ancienne secrétaire d'Etat, en poste de 2009 à 2013.

"S'il y a de nouvelles informations, qu'on les mette sur la table", a commenté Robby Mook dans l'émission "Fox News Sunday". "Il a été rapporté que ces emails n'auraient été ni envoyés, ni reçus par la secrétaire (d'Etat) Clinton", a-t-il rappelé.

De source proche de l'enquête, on expliquait vendredi que ces courriels ont été découverts dans le cadre d'une enquête séparée visant Anthony Weiner, mari séparé de la conseillère Huma Abedin travaillant pour Hillary Clinton.

Weiner, ancien parlementaire démocrate de l'Etat de New York, est la cible d'investigations pour des messages textes illicites adressés à une adolescente de 15 ans en Caroline du Nord.

Les agents fédéraux auraient découvert dans l'ordinateur portable de Weiner des éléments qui les ont conduits à penser qu'une enquête complémentaire était nécessaire dans l'affaire des emails d'Hillary Clinton.

Donald Trump a dénoncé dimanche sur Twitter l'hypocrisie des démocrates qui contestent l'initiative de James Comey.

"Hillary et les démocrates adoraient et louaient le directeur du FBI Comey il y a quelques jours. Les preuves de départ étaient accablantes. N'auraient pas dû être retardées", écrit-il sur son compte.

Avant la publication de la lettre de James Comey, Hillary Clinton comptait une solide avance sur Trump dans les sondages. Cette avance s'est, depuis, réduite.

(Pierre Sérisier pour le service français)