par John Whitesides et Lucia Mutikani

WASHINGTON, 27 juin (Reuters) - L'équipe de campagne d'Hillary Clinton a accusé dimanche Donald Trump de se soucier davantage des conséquences du Brexit sur ses intérêts financiers que de son impact sur l'économie américaine.

Le directeur de campagne de la candidate démocrate présumée a établi un parallèle entre le sentiment populiste et anti-système qui a pu alimenter le vote pour le "Brexit" au Royaume-Uni et la montée en puissance du candidat républicain tout au long des primaires.

Mais, a jugé Robby Mook, la réaction de Trump au référendum britannique montre qu'il n'est pas à même de siéger à la Maison Blanche. "Hillary Clinton regarde (le vote britannique) sous l'angle de la façon dont cela peut affecter les familles de la classe moyenne, Donald Trump sous l'angle de la façon dont cela peut aider ses intérêts financiers", a-t-il dit sur Fox News.

Sans citer précisément son adversaire républicain, Hillary Clinton a prévenu dimanche à Indianapolis que "les commentaires emphatiques dans ces temps agités peuvent causer encore plus d'agitations".

En visite en Ecosse pour l'inauguration d'un de ses parcours de golf à Turnberry, Donald Trump avait jugé vendredi que la décision des Britanniques, qui venait d'être connue, était "une excellente chose" et avait tracé un parallèle entre la campagne pour le "Brexit" et la sienne.

Il avait en outre ajouté lors d'une conférence de presse que "si la livre chute, plus de personnes viendront à Turnberry, pour être honnête".

Un extrait vidéo des déclarations de Trump à Turnberry a été diffusé par l'équipe de Clinton. "Tous les présidents sont mis à l'épreuve par les événements mondiaux, mais Donald Trump pense aux moyens d'en tirer des bénéfices pour son parcours de golf", commente-t-elle.

VOTE BREXIT, VOTE TRUMP

Dimanche, Hillary Clinton a déclaré que les Etats-Unis et le Royaume-Uni étaient "économiquement, politiquement et démographiquement" différents, tout en reconnaissant des parallèles entre les électeurs des deux pays.

"Comme nous l'avons vu, il y a beaucoup de personnes frustrées en Grande-Bretagne, nous savons qu'il y a des personnes frustrées chez nous aussi", a-t-elle dit. "Je l'ai vu, je l'ai entendu, je le sais."

Pour le sénateur républicain Bob Corker, le vote des Britanniques en faveur de la sortie de l'UE est le signe d'inquiétudes mondiales quant à la stagnation économique et à l'immigration.

"La beauté de ce qui est arrivé avec la candidature de Donald Trump, c'est qu'elle donne une voix à cela, comme ça a été le cas au Royaume-Uni", a dit à CNN l'allié de Trump, un temps pressenti pour être son colistier.

Pour Corker, le discours de Donald Trump en Ecosse fait partie de ses meilleurs, et ses commentaires sur l'effet du cours de la livre ne sont qu'"anecdotiques". "Il donnait un exemple (...) évident, quand une devise fluctue, comme elle le fait, plus d'Américains vont être en mesure de voyager au Royaume-Uni pour moins cher", a-t-il dit.

Pour le leader républicain au Sénat Mitch McConnell, le vote de jeudi montre que les peuples sont fatigués d'être dirigés par "des bureaucrates non élus à Bruxelles", et, ajoute-t-il, des similarités avec les Etats-Unis existent.

Côté démocrate, l'ex-rival de Clinton, Bernie Sanders, a jugé que la décision du 23 juin démontrait l'importance de nombre de ses propres thèmes de campagne: le combat contre les inégalités et la volonté d'éradiquer le règne du grand capital.

"Ce que les gens ordinaires disent c'est: 'Donnez-nous une économie qui marche pour nous tous, et pas seulement pour ceux qui sont en haut'", a-t-il commenté sur CNN.

Selon la dernière livraison du sondage Reuters/Ipsos, publiée samedi, Hillary Clinton a repris ses distances avec Donald Trump, étant désormais créditée de 46,6% des intentions de vote contre 33,3% pour son rival républicain.

Avec cet écart de 13,3 points, l'ex-secrétaire d'Etat retrouve l'avance dont elle jouissait avant la tuerie d'Orlando, le 12 juin. (Avec Caren Bohan et Julia Harte à Washington et Jonathan Allen à New York; Julie Carriat pour le service français, édité par Henri-Pierre André)