FRANCFORT/BRUXELLES, 10 mars (Reuters) - Le commissaire européen à l'Energie Günther Öttinger a annoncé son intention de laisser traîner les discussions avec la Russie sur le projet de gazoduc South Stream, en réaction à la crise en Crimée.

"Je n'accélérerai pas pour le moment les discussions au sujet de gazoducs tels que South Stream; elles seront retardées", explique le commissaire allemand dans un entretien au quotidien allemand Die Welt de lundi.

Les forces russes ont encore renforcé leur emprise dimanche en Crimée, où les autorités favorables au Kremlin veulent organiser le 16 mars un référendum sur le rattachement de la péninsule à la Russie. (voir )

L'Europe n'a pas de problème d'approvisionnement de gaz; les stocks sont amples et l'hiver touche à sa fin, fait valoir le commissaire.

Moscou a démarré le chantier South Stream, qui permettrait de contourner l'Ukraine, afin de faire transiter, via la mer Noire, une quantité de gaz qui assurerait autour de 15% de la demande européenne d'ici 2018.

Mais il manque au projet des autorisations importantes pour être conforme au droit communautaire, comme l'obtention d'une dérogation aux dispositions encadrant la propriété des réseaux de distribution ou l'ouverture de ces réseaux à d'autres intervenants.

La Bulgarie a dit pour sa part lundi qu'elle n'avait pas interrompu les travaux préparatoires de South Stream mais qu'elle surveillait de près les relations entre Bruxelles et Moscou sur la crise ukrainienne.

La Russie dispose d'un autre gazoduc pour fournir l'Europe en contournant l'Ukraine mais celui-ci, appelé North Stream, a également connu un revers lundi.

Une porte-parole de l'UE a annoncé que la Commission européenne avait décidé de surseoir à sa décision sur ce dossier, laquelle devait à l'origine être publiée ce lundi, et demandé un complément d'informations techniques.

Instauré en 2011, North Stream transporte du gaz russe en Allemagne via la Baltique. Mais il est sous-utilisé et Gazprom a dit qu'il pourrait extraire plus si le droit européen l'autorisait à participer pleinement au projet de gazoduc Opal, qui doit relier le nord-est de l'Allemagne, point terminal de North Stream, à la République tchèque.

Opal a une capacité de 36 milliards m3 mais il opère à la moitié de sa capacité depuis au moins trois ans. (Vera Eckert et Barbara Lewis; Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Danielle Rouquié)