par David Bailey

Cette prudence contraste fortement avec l'optimisme, souvent jugé démesuré, caractéristique des principaux acteurs du secteur avant l'une des plus graves crises de son histoire, qui a mis à genoux General Motors et Chrysler, tous deux contraints à un bref dépôt de bilan en 2009.

Paradoxalement, les analystes du secteur interprètent ainsi les nombreuses précautions de langage des constructeurs comme le signe le plus clair que l'industrie a franchi un cap après une année 2009 caractérisée par un marché automobile américain tombé à un plus bas de 27 ans.

Les plans de production des principales marques ont été conçus sur des prévisions de ventes jugées trop conservatrices par des spécialistes. Ceci a ainsi amené General Motors à annoncer cette semaine qu'il avait l'intention d'augmenter ses capacités de production aux Etats-Unis, à l'instar de Toyota et de Honda.

Les constructeurs veulent ainsi être prêts à répondre à une amélioration plus marquée que prévu de la demande aux Etats-Unis.

"On a l'impression que personne n'ose s'aventurer trop loin (dans ses projections)", a déclaré Paul Ballew, ancien économiste de General Motors et aujourd'hui vice-président de Nationwide Mutual Insurance.

Ce dernier, qui dit avoir étudié les tendances du marché automobile américain des 30 dernières années, a estimé que les dirigeants des groupes font preuve d'une prudence excessive, à l'image de ce qui avait été observé juste après la récession du début des années 1990.

Ceci étant dit, Paul Ballew estime que l'industrie automobile américaine aura besoin de deux années pleines pour retrouver des niveaux de ventes "normaux".

UN MARCHÉ DE 11,5 MILLIONS DE VÉHICULES EN 2010

Pour 2010, il est un peu plus optimiste que d'autres prévisionnistes, tablant sur un marché de 12 millions de véhicules neufs. En 2011 et 2012, les ventes devraient atteindre respectivement 13 et 15 millions d'unités, a-t-il poursuivi.

Pour l'année prochaine, les constructeurs tablent pour la plupart sur un marché à 11,5 millions d'unités.

En 2005, les ventes de véhicules neufs avaient culminé à près de 17 millions d'unités pour retomber à 10,8 millions en 2009.

Ford, le seul grand constructeur américain qui n'a pas eu recours à des aides publiques, a pour sa part dit anticiper pour 2010 un marché compris entre 11,5 et 12,5 millions.

La limite haute de cette fourchette a été considérée comme très optimiste par certains analystes.

"Je ne pense qu'il y aura des blocages (du marché). Il est plus que probable que nous allons enregistrer une amélioration", a toutefois répondu George Pipas, spécialiste des ventes chez Ford.

"Je suis raisonnablement optimiste sur le fait qu'il n'y aura pas de retour en arrière en 2010. La plupart des prévisions sont bien en phase avec les réalités de la situation économique", a-t-il poursuivi.

Les cabinets J.D. Power & Associates et IHS Global Insight prévoient un marché automobile de quelque 11,5 millions de véhicules, même si Jeff Schuster, directeur général des prévisions mondiales chez le premier, reconnaît que ses estimations sont légèrement conservatrices.

"En restant prudent dans les prévisions, l'amélioration pourrait être plus marquée que prévu, ce qui est toujours une bonne chose pour une industrie", a-t-il déclaré.

Rebecca Lindland, analyste chez IHS voit également un marché à 11,5 millions en 20100, la barre des 12 millions n'étant pas, à ses yeux, exclue en cas d'accélération de la croissance économique.

Version française Benoit Van Overstraeten