Sur le vieux continent, les laboratoires d'Europe du Nord dominent la scène biotechnologique. Leur fer de lance, coté en bourse depuis 22 ans, s'appelle Genmab. Il faut bien l'avouer, les entreprises biotechnologiques européennes à succès ne constellent pas les marchés boursiers comme elles pullulent sur le Nasdaq. Ce qui rend Genmab d'autant plus méritante. La société se positionne comme un acteur phare de l'oncologie, à l'image de la société belge ArgenX dont nous avons parlé il y a quelques semaines dans ces colonnes.
L'histoire de la semaine se déroule au Danemark, un pays où l'industrie de la santé est sur-représentée en bourse. La faute au géant de l'insuline Novo Nordisk, dans l'ombre duquel plusieurs laboratoires sont toutefois parvenus à prospérer. Genmab, fondé en 1999, a rapidement gravi les échelons en concentrant sa recherche sur les anticorps thérapeutiques. Plus précisément dans l'oncologie, qui est à la fois un domaine médical difficile pour la recherche, mais aussi l'un de ceux qui touche le plus de patients. La plateforme du groupe a permis d'amener six traitements au stade de la commercialisation, ce qui est considérable sur un laps de temps aussi court. Le plus connu d'entre eux, baptisé Darzalex, est devenu le premier anticorps monoclonal validé par l'Agence américaine du médicament (FDA) dans le myélome multiple. Développé avec le soutien de Janssen, il a généré près de 8 milliards de dollars de revenus en 2022, ce qui s'est traduit par près de 1,5 milliard de dollars de redevances pour Genmab. Les analystes estiment que le traitement atteindra 14 à 15 milliards de dollars de ventes annuelles à son apogée. Le laboratoire touche aussi des redevances d'autres partenaires, notamment de Novartis, qui détient les droits d'un autre des traitements développés par le Danois, Kesimpta.
Un parcours solide en bourse depuis 5 ans
Un modèle fondé sur les partenariats
Ces exemples illustrent la capacité de Genmab à transformer des candidats-médicaments en traitements efficaces, en s'appuyant sur des industriels de premier plan. Le modèle est certes moins lucratif qu'un développement-exploitation en solitaire, mais il a pour avantages de réduire les risques, de financer le développement et de déléguer la distribution et le marketing à de grosses structures rompues à ces exercices. Grâce à cette stratégie, le Danois est capable de s'autofinancer depuis plusieurs exercices. Le décollage du chiffre d'affaires est, lui, beaucoup plus récent. L'effet est d'autant plus spectaculaire que l'exercice 2022 a bénéficié d'une vive appréciation du dollar contre la couronne danoise. Ainsi Genmab a enregistré un peu plus de 2 milliards de dollars de revenus en 2022, soit une hausse de 72% sur un an, pour un bénéfice net amélioré de 80% à 792 millions de dollars. Le niveau de croissance de 2022 est tout à fait atypique, mais il s'inscrit dans un mouvement plus vaste d'arrivée progressive sur le marché de nouveaux traitements. En dix ans, les revenus ont été multipliés par 22 et le bénéfice net par 50.
Période Fiscale : Décembre
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
Chiffre d'affaires
1
5 366
10 111
8 482
14 595
16 474
19 817
23 698
28 312
EBITDA
1
2 777
6 572
3 266
6 719
5 616
6 271
8 203
10 745
Résultat d'exploitation (EBIT)
1
2 638
6 313
3 018
6 357
5 321
5 881
7 778
10 326
Marge d'exploitation
49,16 %
62,44 %
35,58 %
43,56 %
32,3 %
29,68 %
32,82 %
36,47 %
Résultat Avt. Impôt (EBT)
1
2 859
5 904
3 983
7 035
5 637
5 959
8 193
10 677
Résultat net
1
2 166
4 758
3 008
5 522
4 352
4 719
6 484
8 197
Marge nette
40,37 %
47,06 %
35,46 %
37,83 %
26,42 %
23,81 %
27,36 %
28,95 %
BNA
2
34,03
72,21
45,54
83,65
66,02
72,06
97,80
121,3
Free Cash Flow
1
1 247
6 126
1 976
3 595
7 014
2 737
5 804
8 321
Marge FCF
23,24 %
60,59 %
23,3 %
24,63 %
42,58 %
13,81 %
24,49 %
29,39 %
FCF Conversion (EBITDA)
44,9 %
93,21 %
60,5 %
53,5 %
124,89 %
43,64 %
70,76 %
77,44 %
FCF Conversion (Résultat net)
57,57 %
128,75 %
65,69 %
65,1 %
161,17 %
57,99 %
89,52 %
101,51 %
Dividende / Action
2
-
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-
-
-
-
-
-
Date de publication
19/02/20
23/02/21
16/02/22
22/02/23
14/02/24
-
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-
1DKK en Millions2DKK
Données Estimées
L'âge de la maturité
Mais ne rêvons pas, cette époque est révolue et dans les années à venir, l'évolution du compte de résultats va se normaliser. Cela ne doit pas être considéré comme une rupture dans l'histoire économique de la société, mais plutôt comme une étape de plus vers la maturité. La balance des risques et du potentiel penche toujours en faveur de Genmab. Le laboratoire est bien géré, reconnu et propriétaire d'un solide portefeuille en phase de commercialisation. Son bilan est très solide et sa valorisation est correcte au regard du profil habituel des sociétés de biotechnologie. La baisse du titre en début d'année à la Bourse de Copenhague, depuis que la santé a quitté le devant de la scène, l'a rendu plus abordable. Dernier atout, le dossier est entouré, pour toutes les raisons précitées, d'un léger parfum spéculatif car les cibles commencent à être rares de ce côté-ci de l'Atlantique. A contrario, le pipeline de développement est un peu clairsemé entre les candidats-médicaments en phase précoce et ceux qui sont commercialisés ou en passe de l'être. C'est la principale réserve émise par les analystes actuellement et un point de vigilance dans la success-story Genmab.
Genmab A/S est spécialisé dans la recherche et le développement d'anticorps humains et thérapeutiques destinés au traitement des cancers, des maladies infectieuses, des arthrites rhumatoïdes, etc. Le CA par type de revenus se répartit comme suit :
- royalties (83,2%) ;
- revenus issus de recherche et de développement (12,4%) ;
- autres (4,4%) : notamment revenus issus d'accords de partenariat.
A fin 2023, le groupe dispose d'un portefeuille de plus de 20 produits en phase de développement clinique et 20 en phase de développement préclinique.
La totalité du CA est réalisée au Danemark.