* Sarkozy évoque deux solutions possibles

* Son offre envers la Scop reste valable, assure NKM

* Les salariés déçus de la liquidation judiciaire (Actualisé §§ 7-8, 11-12 avec syndicats, NKM)

PARIS, 9 janvier (Reuters) - Nicolas Sarkozy a promis lundi qu'une solution serait trouvée pour la reprise de la compagnie maritime transmanche SeaFrance après la liquidation définitive prononcée par le tribunal de commerce de Paris, qui ouvre la voie à plusieurs scénarios.

Les magistrats ont rejeté à la fois le délai d'une semaine réclamé par la société coopérative(Scop) créée par des salariés et le plan de cession qu'ils avaient présenté.

"Il n'existe aucune offre de reprise valable, l'activité ne peut être poursuivie, le tribunal met fin à la période de maintien de l'activité de SeaFrance", selon l'exposé de la décision des juges.

Le président français a cependant affirmé lors d'une conférence de presse à Berlin que le gouvernement trouverait rapidement "une solution crédible pour tous les salariés de Sea France".

Deux solutions sont selon lui encore possibles.

"L'une, c'est la Scop, c'est-à-dire que les salariés de SeaFrance réinvestissent leurs indemnités pour assurer la prolongation de l'activité", a-t-il expliqué.

"L'autre, c'est qu'un partenaire puisse faire des propositions de reprise au personnel de SeaFrance", a-t-il ajouté, précisant que deux repreneurs potentiels existaient.

Une centaine de salariés venus de Calais avaient auparavant manifesté leur colère devant le tribunal, dans l'île de la Cité, à l'annonce du rejet de leur projet de cession, qu'ils jugeaient plus simple à mettre en oeuvre.

Sur la route du retour vers Calais, les salariés ont bloqué en début d'après-midi l'autoroute A1, dans le sens Paris-Lille, en s'installant devant le péage de Senlis. Ils devaient se réunir en fin de journée à Calais pour faire le point.

Les syndicalistes de la Scop, qui voulaient à tout prix éviter une liquidation les obligeant à repartir de zéro, ne désespèrent pas de trouver des partenaires pour relancer l'activité, même si la cessation d'activité complique la donne.

LA SCOP REGARDE DU CÔTÉ D'EUROTUNEL

Nicolas Sarkozy s'était dit prêt la semaine dernière à soutenir le projet de Scop à condition d'en passer par une liquidation définitive, moyen pour la SNCF, dont SeaFrance est une filiale, de verser aux salariés des indemnités de licenciement destinées à financer leur projet.

"Grâce au versement rapide de ces indemnités, la proposition présentée lundi dernier par le président de la République reste valable si les salariés le souhaitent", ont déclaré les ministres de l'Ecologie et des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet et Thierry Mariani, dans un communiqué.

Les ministres souhaitent que "des discussions s'engagent dès aujourd'hui autour de la relance d'un projet de liaison maritime transmanche, qu'elle soit opérée par l'armateur Louis Dreyfus Armateurs (LDA) ou la Scop associée à Eurotunnel".

Les syndicalistes de la CFDT Maritime, qui portent le projet de Scop regroupant 576 salariés, ont jugé jusqu'à présent trop aléatoire l'option consistant à redémarrer la société avec leurs indemnités.

Selon eux, l'Etat aurait mieux fait d'engager dans le projet de cession les indemnités évoquées par la SNCF au lieu de se situer d'emblée "dans l'après-liquidation." La compagnie s'est déclarée prête lundi à verser 36 millions d'euros d'indemnités exceptionnelles aux salariés de SeaFrance.

Pour Fouad Barbouch, l'avocat de la Scop, le plan des salariés devient plus compliqué car "tous les actifs vont être vendus au plus offrant", mais la Scop n'est pas morte.

"Le projet Eurotunnel rentre ainsi dans le projet que nous avions", a-t-il dit à Reuters.

Eurotunnel a annoncé lundi vouloir soutenir le projet de reprise de la compagnie par ses salariés en prenant des parts dans une société qui rachèterait ses navires.

Les salariés soutenant le projet coopératif soupçonnent le ministre des Transports, Thierry Mariani, d'avoir milité en faveur d'une liquidation dans le but d'écarter la Scop, contrairement à ses déclarations, pour favoriser Louis Dreyfus Armateurs (LDA) associé à DFDS, une société danoise.

"On peut se demander si les dés n'étaient pas pipés depuis le début, si on n'a pas été liquidés au profit d'un armateur", a lancé Didier Cappelle, secrétaire général de la CFDT Maritime, alors que plusieurs salariés conspuaient le nom de Nicolas Sarkozy devant le tribunal. (Gérard Bon, édité par Patrick Vignal)