Ottawa (awp/afp) - Le groupe minier canadien Teck Resources a rejeté jeudi l'offre révisée de rachat de Glencore, un actionnaire du groupe montant également au créneau pour désapprouver une transaction "illogique" et qui n'a "aucune chance de succès", selon lui.

Dans une lettre adressée au président et au directeur général de Glencore, consultée par l'AFP, le fonds activiste Bluebell Capital Partners considère que la transaction est "mal structurée" et "destructive" pour les actionnaires.

Il est "difficile d'imaginer pourquoi les actionnaires de Teck" devraient "accepter" cette offre révisée, a fustigé ce fonds londonien.

L'opération complexe proposée par Glencore représente environ 22,5 milliards de dollars, soit une prime de 20% par rapport au cours de clôture de l'action de Teck le 26 mars.

Devant le refus cinglant de Teck, Glencore a aménagé l'offre, initialement uniquement en actions, en introduisant pour 8,2 milliards de dollars en espèces ainsi qu'un versement en actions dans l'unité spécialisée dans les métaux qui doit émerger de cette transaction pour les actionnaires qui souhaitent sortir du charbon.

Le groupe canadien a étudié ce nouveau montage, dont le montant reste le même, mais n'a pas fléchi, jugeant qu'elle n'est toujours pas "dans son intérêt".

"Glencore a fait deux propositions opportunistes et irréalistes qui transféreraient une valeur importante à Glencore au détriment des actionnaires de Teck", a déclaré Sheila Murray, présidente du conseil d'administration, dans un communiqué.

Faire échouer le projet de Teck

Le groupe canadien veut séparer ses activités en deux entités. La première doit regrouper des métaux utilisés pour la transition énergétique sous le nom de Teck Metals. La seconde doit regrouper ses activités de charbon sidérurgique dans une entité appelée Elk Valley Resources.

Mais Glencore, actif dans le négoce des matières premières et dans l'extraction minière, propose lui de rassembler leurs activités dans les métaux et dans le charbon pour les scinder ensuite afin d'en faire deux sociétés avec une assise "substantiellement plus large" et des "actifs plus diversifiés", avait-il expliqué lors de la présentation de sa première offre.

Mais le groupe canadien considère que cette proposition de Glencore réduirait l'exposition des actionnaires de Teck au cuivre et les exposerait en revanche au charbon thermique et au pétrole.

Cette proposition non sollicitée présente de plus des risques importants en termes de calendrier, de réglementation et d'exécution, souligne le groupe canadien, qui estime que son propre projet "offre une meilleure opportunité de maximiser la valeur pour tous les actionnaires".

"Glencore reconnaît qu'après la séparation, elle serait exposée à une concurrence beaucoup plus forte de la part d'autres parties, et c'est pourquoi elle tente de faire échouer le processus de séparation de Teck", a affirmé Jonathan Price, PDG de Teck.

Représentant l'un des principaux groupes miniers du Canada, Teck Resources est aussi présent au Pérou, au Chili, et aux Etats-Unis.

Depuis novembre 2021, le fonds activiste Bluebell Capital fait pression pour que Glencore se sépare de ses activités dans le charbon thermique. De nombreux investisseurs ne veulent plus être exposés à ce qui n'est plus selon lui "une matière première d'avenir, fait valoir ce fonds qui s'est fait connaître notamment à travers un bras de fer avec le groupe français Danone.

En raison de son exposition au charbon, le fonds souverain norvégien, le plus gros investisseur au monde, avait placé Glencore sur sa liste d'exclusion en 2020.

afp/rp