La transaction, dont le montant atteint 5,3 milliards d'euros en intégrant l'endettement net et les engagements sur les retraites du mexicain, fera de FEMSA le deuxième plus gros actionnaire du brasseur néerlandais avec environ 20% de son capital et lui donnera deux membres non-exécutifs au conseil de surveillance.

Selon les analystes, cet accord a été scellé à un prix cohérent et permet à Heineken d'étendre son exposition aux marchés émergents à forte croissance, ce qui dopait le cours du titre à la Bourse d'Amsterdam à la mi-journée.

Vers 13h30 GMT, l'action Heineken bondissait de 5,24% à 34,65 euros, alors que l'indice regroupant les valeurs agroalimentaires européennes avançait de 0,45%.

Le directeur général du groupe néerlandais, Jean-François van Boxmeer, a déclaré à Reuters que cet accord porterait à 40%, contre 32% précédemment, la part de son bénéfice opérationnel réalisée dans les pays émergents.

"Cela rééquilibre le 'spread' entre marchés développés et en développement", a-t-il déclaré lors d'un entretien téléphonique.

"HEINEKEN CONSOLIDE SES POSITIONS"

Heineken met ainsi la main sur les marques Dos Equis, Tecate et Sol, des bières qu'il distribuait déjà aux Etats-Unis. Il s'assure également une part de marché de 43% au Mexique et de 9% au Brésil.

"L'opération FEMSA était une nécessité stratégique pour Heineken", estiment dans une note de recherche les analystes de SNS Securities, qui ajoutent toutefois qu'avec un prix représentant 11 fois l'Ebitda, l'opération n'était "pas bon marché".

Mais d'autres analystes jugent que ce ratio est, dans l'ensemble, conforme à ceux en vigueur pour les valeurs sud-américaines.

"Ca semble un prix raisonnable (...) Heineken manquait d'exposition aux marchés émergents et il vendait déjà les bières (de FEMSA) aux Etats-Unis donc il protège cet acquis", a déclaré Trevor Stirling, de Bernstein Research, jugeant l'accord "globalement positif".

Un rapprochement entre Heineken et FEMSA était largement attendu le retrait dimanche du britannique SABMiller de la course pour le rachat du mexicain.

"Beaucoup d'analystes vont apprécier cette acquisition. Heineken consolide ses positions. Il n'y aura pas d'augmentation de capital mais un placement direct et une dilution limitée pour les actionnaires", a pour sa part jugé Geoffrey Leloux, trader chez Keijser Capital.

Il a souligné que l'absence d'augmentation de capital, que certains pensaient nécessaire pour financer une opération d'une telle ampleur, expliquait le bond du titre Heineken.

Grâce à cette opération, qui devrait être finalisée au deuxième trimestre, Heineken table sur des synergies de coûts annuelles de 150 millions d'euros d'ici 2013, ajoutant que l'opération devrait avoir un effet relutif sur le bénéfice par action d'ici deux ans.

FEMSA, qui se décrit comme le premier groupe de boissons sud-américain, distribue les produits Coca-Cola dans neuf pays de la région. Le groupe possède aussi la chaîne d'épiceries de proximité Oxxo, présentée comme la première d'Amérique latine et qui distribuera à l'avenir les produits Heineken.

"C'est une très bonne base pour construire dans le futur (...) FEMSA possède des atouts régionaux et nous les exploiterons", a déclaré Jean-François van Boxmeer.

Ben Berkowitz, version française Benoit Van Overstraeten et Jean Décotte éditée par Marc Angrand