Paris (awp/afp) - Le cimentier Lafarge (groupe Holcim) a annoncé jeudi un accroissement de ses investissements pour décarboner la production de ciment dans ses usines françaises et la mise au point d'un "liant" expérimental bas carbone qui devrait permettre de réduire de 50% les émissions du béton dans toutes ses utilisations.

Sur ses six principales usines de production en France, deux vont être modernisées cette année pour abaisser les émissions de gaz à effet de serre, avec un investissement de 40 millions d'euros sur le site de Saint-Pierre Lacour dans la Mayenne, et de 6 millions d'euros à La Malle dans les Bouches du Rhône, a annoncé François Pétry, directeur-général de LafargeHolcim France lors d'un point presse.

Le ciment, ingrédient clé du béton et matériau le plus consommé sur la planète, génère à lui tout seul 7% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2), trois fois plus que le transport aérien.

Lafarge, comme la plupart des grands cimentiers, se sont fixés des objectifs de décarbonation permettant d'arriver à la neutralité carbone en 2050, notamment en réduisant fortement ou en supprimant un des éléments clé du ciment, le clinker.

Pour arriver à son objectif, Lafarge a annoncé la mise au point dans ses laboratoires de recherche de l'Isle d'Abeau (Isère) d'un liant minéral bas carbone expérimental, une sorte de ciment de rupture, ne comportant "ni clinker, ni laitier", c'est-à-dire ni le produit fortement émissif utilisé depuis 200 ans par l'industrie cimentière, ni les sous-produits de la sidérurgie utilisés par tous les cimentiers désireux de réduire leurs émissions.

"Ce n'est pas une niche, mais un produit qui peut s'appliquer en masse sur tous les types de chantier, qui n'est pas encore +normé+ et qui va être encore utilisé de façon expérimentale en attendant les certifications" a-t-on expliqué dans l'entourage de M. Petry.

Enfin, d'ici 2025, le groupe compte également recycler en France 600.000 tonnes de déchets du bâtiment et produits inertes de démolition dans du béton neuf. Au plan mondial, son objectif est de parvenir à 10 millions de tonnes de réutilisation.

"On part de pas grand-chose", a admis M. Petry. Jusqu'à présent, l'essentiel des produits de démolition de la construction sert à remblayer ou réaménager d'anciennes carrières ou pour des sous-couches routières.

afp/rp