Londres (awp/afp) - Le groupe de téléphonie britannique Vodafone a rejeté jeudi une offre à 11,25 milliards d'euros du Français Iliad/Free sur sa filiale italienne Vodafone Italia, jugeant que cette proposition n'était "pas dans le meilleur intérêt de ses actionnaires".

En revanche, Vodafone veut toujours "optimiser son portefeuille" d'actifs et "recherche toujours plusieurs opportunités de création de valeur (...) notamment en Italie", a détaillé le groupe.

Iliad de son côté a "pris note" du rejet de sa proposition, non sans afficher au passage pour la première fois le montant de celle-ci: 11,25 milliards d'euros, ce qui représentait "une très forte prime" pour les actionnaires actuels, selon le groupe français.

Iliad a pris soin de souligner aussi les autres caractéristiques de son offre: "100% en cash", appuyé par des partenaires financiers "forts", "répondant au souhait du management de Vodafone de consolidation" du marché italien, et "dans le meilleur intérêt des actionnaires de Vodafone".

Les analystes d'Equita avaient de leur côté estimé récemment la valeur d'une possible transaction à entre 11 et 13 milliards d'euros.

Iliad a semblé exclure toute surenchère après le rejet de son offre, précisant qu'Iliad Italia allait désormais "poursuivre sa stratégie autonome" sur ce marché.

Iliad, propriété de Xavier Niel et maison mère de l'opérateur télécoms Free, avait confirmé mardi avoir fait une offre sur Vodafone Italia.

Iliad revendique 10,5% du marché italien de la téléphonie mobile, grâce notamment à une stratégie de prix très bas.

Il vient aussi de se lancer en janvier dernier sur le marché italien de la téléphonie fixe, cassant à nouveau les prix et misant sur la vitesse de la fibre optique.

Vodafone Italia détient une part de marché de 28,5% dans le mobile et de 16% dans le fixe.

Un marché italien très concurrentiel

Le marché italien des télécommunications est caractérisé par une vive concurrence, où l'opérateur historique Telecom Italia (Tim) est attaqué par des rivaux à la tarification plus incitative.

D'une manière générale, plusieurs responsables d'opérateurs européens ont appelé à la consolidation du marché sur le Vieux Continent pour réduire la concurrence et accroître leur rentabilité, à l'heure où ils investissent lourdement dans le déploiement de la 5G et la fibre optique.

Dans ce vaste mouvement de consolidation, le prochain dossier à venir pour les télécoms italiens se joue à Telecom Italia: l'opérateur historique fait aussi l'objet d'une proposition de rachat par le fonds d'investissement américain KKR qui s'était déclaré prêt en novembre à mettre 10,8 milliards d'euros sur la table.

Le fonds attend toujours une réponse de Tim à sa demande d'accès à ses comptes en vue d'un audit approfondi, soit la phase dite de "due diligence" classique, avant de lancer une offre publique d'achat (OPA).

En ce qui concerne les prix des abonnements, l'Italie et la France, où quatre acteurs majeurs sont présents sur le marché, présentent les niveaux "les plus bas des grands pays occidentaux", selon une étude du cabinet Arthur D. Little.

A titre de comparaison, pour le mobile, le forfait à 50 Go le plus compétitif des opérateurs italiens est à 10 euros par mois. En France, il est à 13 euros par mois, contre 47 euros en Allemagne et 63 euros aux États-Unis.

afp/rp