InBev, qui possède entre autres les marques Stella Artois et Beck's, offre 70 dollars par action Anheuser, numéro un aux Etats-Unis avec notamment la marque Budweiser, précise un communiqué commun publié lundi.

Dans l'après-midi, le brasseur belge a précisé qu'il procéderait à une augmentation de capital de 9,8 milliards de dollars.

En relevant ainsi sa proposition de cinq dollars par titre, il s'est assuré de réaliser le plus important rapprochement jamais réalisé dans le secteur des boissons alcoolisées, qui est aussi la troisième plus grosse acquisition d'une entreprise américaine par un groupe étranger.

Le nouvel ensemble affichera un chiffre d'affaires annuel d'environ 36,4 milliards de dollars et produira un quart des volumes de bière consommés dans le monde. Il devrait s'appeler Anheuser-Busch InBev, avaient indiqué des sources proches du dossier avant l'annonce officielle de l'accord.

Le conseil d'administration de la nouvelle entité regroupera les membres actuels du conseil d'InBev ainsi que le P-DG d'Anheuser, August Busch IV, et un autre représentant du groupe américain. L'équipe de direction réunira parallèlement des "membres clés" des deux sociétés.

Dans un message vidéo, Carlos Brito, qui prendra les commandes de l'ensemble a expliqué que l'accord allait à la fois permettre au belgo-brésilien de se développer sur le marché américain et à l'américain de se développer hors de ses terres de prédilection habituelles.

ACCORD GAGNANT-GAGNANT

"Il s'agit de complémentarité, pas d'empiétement", a-t-il dit.

"Un accord sur une base amicale est meilleur que s'ils étaient allés à l'affrontement", commente Ann Gilpin, analyste.

"Anheuser-Busch connaît le marché américain bien mieux qu'InBev, donc InBev a besoin de conserver les cadres-clés d'Anheuser pour ce qui est du marketing et de la distribution."

"C'est vraiment un cas de gagnant-gagnant", estime Tom Pirko, qui dirige un cabinet spécialisé dans l'analyse des marchés de boissons. "Les deux ont obtenu exactement ce qu'ils voulaient."

Incapable de se développer, Anheuser voyait le cours de son action stagner depuis près de cinq ans. Ses actionnaires vont recevoir une prime appréciable, tandis qu'InBev va prendre la première place du marché mondial de la bière.

Réputé pour ses réductions de coûts impitoyables, InBev n'a pas vraiment été le bienvenu lors de son approche d'Anheuser. Son offre a déclenché une levée de boucliers de St. Louis à Washington, incitant même le candidat démocrate à l'élection présidentielle Barack Obama à se prononcer contre la fusion.

Dans son communiqué, InBev évoque un potentiel de synergies de 1,5 milliard de dollars d'ici 2011, réparti équitablement sur les trois prochaines années.

Les discussions continuent par ailleurs entre InBev et le brasseur numéro un mexicain Grupo Modelo, détenu à 50% par Anheuser, qui n'a pas encore accepté l'offre du groupe belgo-brésilien, a-t-on appris de source proche du dossier. Modelo produit entre autres bières la Corona.

Modelo a déclaré réserver pour l'instant sa décision et dit souhaiter poursuivre les discussions avec InBev. Brito a dit pour sa part que la tonalité des discussions avec le brasseur mexicain était positive et qu'il n'y avait pas de délai fixé pour la décision que ce dernier doit prendre.

L'accord conclu entre InBev et Anheuser-Busch clôt pacifiquement un bras-de-fer au terme desquelles InBev avait menacé de lancer une offre hostile.

Chacun des deux protagonistes avait engagé des poursuites judiciaires contre l'autre et InBev avait engagé des manoeuvres en vue d'obtenir la destitution de l'ensemble du conseil d'administration de sa cible.

L'offre finale d'InBev représente une prime de 33% par rapport au cours de clôture du titre Anheuser-Busch le 22 mai, veille des premières informations de presse sur le projet d'InBev.

Les actions des deux groupes avaient bondi de plus de 7% vendredi en Bourse après des informations de presse faisant état de discussions en vue d'une fusion amicale.

Anheuser-Busch avait terminé à 66,50 dollars à New York et elle gagnait 1,13% à 67,25 dollars dans la matinée.

Dans le même temps, InBev, qui était en forte hausse dans la matinée, décrochait de 2,04% à 43,59 euros.

Jessica Hall, version française Marc Angrand et Clément Dossin