L'indice du climat des affaires de l'institut munichois Ifo, publié mercredi à partir d'une enquête auprès d'environ 7.000 entreprises, a reculé à 104,7 après 106,3 en août. Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une détérioration moins marquée, à 105,7.

"Le moteur de l'économie allemande ne tourne plus rond", a constaté l'Ifo dans un communiqué après la publication de l'enquête, qui montre une détérioration de la confiance dans tous les secteurs.

L'indice mesurant l'opinion des chefs d'entreprise sur la situation actuelle est revenu à 110,5 en septembre contre 111,1 en août et 110,2 attendu. Celui des anticipations est tombé à 99,3 après 101,7 le mois dernier et 101,2 attendu.

L'Allemagne a connu un bon début d'année à la faveur d'un hiver doux qui a dopé l'activité dans la construction. En revanche, son produit intérieur brut (PIB) s'est contracté de 0,2% au deuxième trimestre, certains évoquant même un risque de récession.

Les tensions liées à la crise en Ukraine et la fragilité de la reprise en Europe sont considérées comme les principaux facteurs de ce ralentissement.

PASSAGE À VIDE OU QUASI-STAGNATION ?

Après la publication de l'enquête, Klaus Wohlrabe, économiste chez Ifo, a déclaré à Reuters qu'il prévoyait désormais une croissance nulle au troisième trimestre mais une hausse de 1,5% du PIB sur l'ensemble de l'année.

De son côté, Carsten Brzeski, économiste en chef chez ING, juge que "la première économie de la zone euro se trouve à un stade dangereux entre un passage à vide et une quasi-stagnation durable".

De fait, si les statistiques officielles sur les mois écoulés indiquent que la situation de l'économie allemande demeure solide, les indicateurs avancés se dégradent. L'indice PMI des directeurs d'achat du secteur manufacturier a ainsi baissé en septembre en première estimation pour tomber à son plus bas niveau depuis juin 2013.

Malgré le récent ralentissement, la Bundesbank a affirmé lundi qu'elle tablait sur une fin d'année globalement positive.

Le gouvernement d'Angela Merkel prévoit officiellement toujours une croissance de 1,8% sur l'ensemble de cette année mais il a laissé entendre qu'elle pourrait être légèrement inférieure à cet objectif.

Pour sa part, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a réduit sa prévision de croissance annuelle pour l'Allemagne à 1,5%.

Interrogé mercredi sur Europe 1, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi a répété que l'institution maintiendrait une politique monétaire accommodante pendant une période relativement longue.

Il a ajouté que le conseil des gouverneurs de la BCE était unanime pour utiliser tous les instruments à sa disposition dans le cadre du mandat de la banque centrale pour ramener l'inflation à un niveau proche mais inférieur à 2%.

"Notre reprise est modeste, faible, inégale et fragile mais ce n'est pas une récession", a-t-il déclaré à propos de la situation économique dans la zone euro.

(Mathilde Gardin pour le service français, édité par Marc Angrand)

par Annika Breidthardt