LONDRES (awp/afp) - Willie Walsh, le patron d'IAG, maison mère de British Airways et Iberia, a annoncé sa démission jeudi après quinze ans aux commandes d'un géant européen de l'aérien qu'il a forgé et qui traverse actuellement un trou d'air.

Ce natif de Dublin âgé de 58 ans sera remplacé par le patron de la filiale espagnole Iberia, Luis Gallego, signal que le groupe s'ancre un peu plus encore vers l'Espagne où il possède déjà Vueling et est en train de racheter Air Europa.

Il va quitter ses fonctions et ne siègera plus au conseil d'administration à partir du 26 mars, et partira du groupe au 30 juin.

Antonio Vázquez, président du conseil d'administration d'IAG, a rendu hommage à M. Walsh qui a "mené la fusion et l'intégration réussie de British Airways et Iberia pour former IAG" et en faire "un des principaux groupes aériens mondiaux".

Ancien pilote et ex-directeur général de la compagnie irlandaise Aer Lingus, qu'IAG a rachetée en 2015, Willie Walsh avait indiqué en novembre qu'il démissionnerait sous deux ans.

Cette figure respectée du secteur aérien a qualifié de "privilège" le fait d'avoir joué "un rôle clé dans la création et le développement d'IAG" et d'avoir travaillé "avec beaucoup de gens exceptionnels pendant les 15 dernières années chez British Airways et IAG".

Il a ajouté être certain que M. Gallego "sera un formidable directeur général pour IAG".

Prix à payer

"Je suis certain que nous pouvons bâtir sur les solides fondations construites par Willie", a quant à lui déclaré son successeur, un ingénieur aéronautique de formation né en 1969 et qui a commencé sa carrière dans l'armée de l'air espagnole où il formait les officiers.

Celui qui prendra le gouvernail d'Iberia après lui n'a pas encore été nommé.

Le départ de M. Walsh intervient au moment où le groupe traverse une passe difficile à cause de sa compagnie phare British Airways, qui a fait face à un conflit social inédit avec ses pilotes cet automne.

Le transporteur britannique a notamment vécu une grève historique de deux jours en septembre qui l'a forcé à annuler des centaines de vols, laissant sur le carreaux des milliers de passagers.

Ce bras de fer résolu par la signature d'un accord salarial le mois dernier lui a coûté 137 millions d'euros.

Depuis son arrivée à la tête de British Airways en 2005, Willie Walsh a piloté le groupe à travers la crise économique de 2008-2009 et la concurrence de plus en plus vive des transporteurs à bas coût.

Après avoir été l'architecte de la fusion de British Airways et Iberia en 2011 pour donner naissance à IAG et avoir orchestré une série de rachats, il a aussi rationalisé le groupe en réduisant le nombre de postes mais au prix de tensions croissantes avec les employés.

Il laisse un groupe à la flotte de 573 avions qui dessert le monde entier et transporte 113 millions de passagers par an.

L'action d'IAG prenait 1,13% en milieu de séance à la Bourse de Londres.

En s'ancrant un peu plus en Espagne, le groupe aérien réduit ainsi sa dépendance envers ses activités britanniques.

Luis Gallego avait ainsi estimé en novembre que Madrid pourrait "devenir la passerelle entre l'Asie et l'Amérique latine", alors que la ville a été à la traîne de ses concurrentes européennes ces dernières années.

Avec l'acquisition prévue d'Air Europa, IAG entend se renforcer considérablement dans les liaisons vers l'Amérique latine et les Caraïbes et faire de Madrid un "hub" capable de rivaliser Paris Charles de Gaulle, Londres Heathrow, Amsterdam et Francfort.

afp/rp