MILAN (awp/afp) - Les actionnaires de Banco popolare et BPM se prononcent samedi sur le projet de fusion des deux banques, un vote au résultat encore incertain mais qui donnerait le signal de la consolidation du secteur bancaire italien, objet de fortes inquiétudes depuis des mois.

S'il ne fait aucun doute qu'il sera validé par ceux de Banco Popolare, le résultat du vote est plus aléatoire chez Banca Popolare di Milano (BPM), aux assemblées toujours plus agitées et où deux associations de retraités de la banque ont appelé à voter "non".

Lundi, les dirigeants de BPM ont écrit aux actionnaires pour les inciter à participer massivement à l'assemblée générale afin de soutenir la naissance de "Banco BPM", qui deviendrait la troisième banque de la péninsule, derrière Intesa Sanpaolo et UniCredit.

Il s'agit d'un "choix important" dans un "contexte de grande incertitude pour le système bancaire italien", ont souligné le directeur général de BPM, Giuseppe Castagna, et le président de son conseil de gestion, Mario Anolli.

Les deux banques ont annoncé en mars leur projet de fusion, qui a depuis reçu le feu vert de la Banque centrale européenne (BCE). Comme celle-ci l'exigeait, Banco Popolare a mené en juin une augmentation de capital d'un milliard d'euros afin de consolider la future banque.

La fusion représente "la meilleure option pour mener tous ensemble le changement, et éviter de le subir ensuite", ont jugé MM. Castagna et Anolli. "Les évolutions en cours dans notre secteur représentent un processus inéluctable, et le saut, tant dimensionnel que qualitatif", que donnera cette alliance, "nous permettra de continuer à nous développer" et "d'affronter le futur avec sérénité".

La future banque comptera 25.000 employés, quelques 2.500 agences, quatre millions de clients et sera leader dans le nord de l'Italie, une des zones les plus riches d'Europe. Elle gèrera au total 171 milliards d'euros d'actifs.

Alors que selon les observateurs une présence massive d'actionnaires augmente les chances du "oui", la BPM a accepté de prendre en charge une partie des frais subis par ceux vivant loin de Milan.

- Vers une participation record -

Plus de 12.000 actionnaires sur quelque 50.000 se sont inscrits, ce qui laisse augurer une participation record. Une majorité des deux tiers des inscrits ou représentés est nécessaire pour que le projet soit validé.

Deux associations de syndicats de retraités ont appelé les employés à ne pas se laisser intimider, et à voter non, martelant que la future banque serait un géant "aux pieds d'argile" et perdrait ce qui fait la force de la BPM.

Les syndicats, qui ont négocié des accords en matière sociale et la représentation des employés dans la gouvernance, soutiennent en revanche la fusion, qui "crée de la valeur et des emplois".

Ils ont accusé les associations de retraités d'être "irresponsables et de jouer avec la peau des autres", avançant le spectre de la prise de contrôle par des fonds d'investissements américains "prêts à une boucherie sociale", une fois que la banque sera devenue une société anonyme comme l'exige désormais la loi.

La fusion entre en effet dans le cadre de la réforme des banques mutualistes lancée par le gouvernement de Matteo Renzi pour les rendre plus efficaces et les inciter à se rapprocher.

Alors que les actionnaires de ces banques disposaient jusqu'ici d'un droit de vote identique quelle que soit le capital possédé (une action ou 1.000 actions = une voix), la loi impose désormais aux dix plus importants établissements financiers d'accorder ce droit de vote en fonction du nombre d'actions détenues.

Le rejet du mariage Banco Popolare-BPM serait un coup dur alors que le système bancaire italien suscite depuis de longs mois les inquiétudes des investisseurs, en raison de son éclatement (quelque 700 établissements différents), du poids des créances douteuses et de problèmes de capitalisation.

Les deux banques, si elles restent seules, seront "certainement plus vulnérables", notamment vis-à-vis d'investisseurs étrangers, a expliqué à l'AFP Marco Giorgino, professeur à l'Ecole polytechnique de Milan.

La victoire du "non" serait "aussi vue, surtout par les investisseurs et analystes internationaux, comme le signe d'une incapacité du système bancaire italien à changer et à renforcer sa stabilité", a-t-il ajouté.

Pour les syndicats, le message est clair: "les actionnaires de BPM ont la responsabilité de voter non seulement pour le futur de leur banque mais aussi pour l'ensemble du système bancaire italien".

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